L'armée marocaine a annoncé avoir perdu dimanche un avion de combat F-16 participant aux frappes militaires de la coalition arabe contre le Yémen. Le pilote d'un autre chasseur appartenant à la même escadrille n'a pas pu voir si son camarade avait pu s'éjecter de l'appareil, qui a été touché en fin d'après-midi, rapportent les Forces armées royales marocaines dans un communiqué repris par l'agence de presse MAP. Peu après cette annonce, les tribus yéménites ont revendiqué la chute d'un F16 au-dessus de la région de Wadi Nouchour à Saâda (nord). Les tribus ont également annoncé qu'elles contrôlent désormais le mont stratégique de Jallah à Tawal dans la région frontalière saoudienne de Jazzane. Le correspondant d'Al Manar TV a fait état d'une fuite collective des gardes-frontières saoudiens de Jallah face à l'avancée des tribus. La coalition arabo-américaine a mené ces derniers jours un nombre record de raids – plus de 130 de vendredi à samedi – contre la région de Saada. Les raids intensifs contre Saada se sont poursuivis hier, a rapporté le correspondant d'Al Manar qui a fait état de nouvelles victimes. Quelque 70 000 personnes, dont 28 000 enfants, ont fui dimanche la province de Saada, sous le feu des bombardements aériens, ont annoncé des organisations humanitaires. Ces 17 organisations, dont Oxfam, Care, Secours islamique et Save the Children, ont condamné l'«intensité croissante» des bombardements, appelant à un cessez-le-feu immédiat et durable. «Il est urgent de cesser les hostilités afin de pouvoir acheminer l'aide humanitaire dans le pays», a déclaré Daw Mohamed, directeur de Care International pour le Yémen. «Toutes les parties concernées devraient elles aussi participer à l'élaboration d'une solution politique au conflit», a-t-il ajouté. Cet appel intervient tandis que les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu se sont accrus, afin de mettre un terme à plus de six semaines de frappes aériennes de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite contre le Yémen. Les Nations unies ont exprimé leur inquiétude quant au bilan des morts civils, rappelant que les bombardements aveugles de zones habitées étaient une violation du droit international. Save the Children a indiqué que la plupart des habitants étaient incapables de fuir en raison d'un «blocus de fait», qui a entraîné de graves pénuries de carburant, et s'est inquiété du largage de tracts les incitant à fuir. «Avertir les civils ne dispense pas la coalition de ses obligations à protéger les civils et les infrastructures civiles, et nous avons vu ces derniers jours que ces avertissements ne suffisaient pas à épargner les civils», a déclaré le directeur de Save the Children pour le Yémen, Edward Santiago. Plus de 1400 personnes, dont de nombreux femmes et enfants, ont été tuées par les raids saoudo-américains, et au moins 300 000 déplacées, selon l'ONU. Face à ces crimes contre l'humanité, les Oulémas du Yémen ont appelé les pays musulmans, dont les gouvernements impliqués dans l'agression contre le Yémen, à exercer des pressions sur leurs dirigeants pour mettre fin à cette offensive. Les Oulémas ont rappelé dans un communiqué que le Yémen fait face à une agression saoudienne barbare perpétrant des massacres et des tueries, tout en imposant un embargo aérien, terrestre et maritime qui a conduit à la famine dans le pays.