Une année de prison avec sursis, assortie d'une amende de 20 000 DA, est le verdict prononcé hier par le tribunal de Constantine à contre le directeur, le chirurgien et l'anesthésiste de la clinique d'ophtalmologie El Anouar du plateau de Mansourah, accusés de négligence ayant conduit à la mort d'un bébé de 7 mois et le handicap à vie pour plusieurs personnes. Un verdict qui a suscité le mécontentement voire même la colère de la famille du bébé qui a porté plainte au mois de juin 2008 ainsi que chez les autres victimes. Prise en charge défaillante, diagnostics inexacts, structures hospitalières inadaptées ou incompétence, le phénomène des erreurs médicales prend des proportions alarmantes en Algérie et notamment à Constantine où les victimes n'hésitent plus à recourir à la justice. C'est le cas de la famille d'un nourrisson mort par négligence de la part du chirurgien et de l'anesthésiste. Une affaire qui a défrayé la chronique constantinoise pendant plusieurs mois car d'autres victimes ont rejoint les plaignants dans leur déposition contre la clinique El Anouar, spécialisée en ophtalmologie. D'ailleurs, le verdict était très attendu par les familles des victimes qui n'ont pas hésité à afficher leur déception lorsque le juge a prononcé les sentences envers les principaux accusés.
En plus de l'année avec sursis, le juge a prononcé également une autre peine de six mois de prison avec sursis, assortie d'une amende de 15 000 DA, contre deux infirmières. Les charges retenues contre les 5 accusés étaient : «négligence médicale ayant causé la mort d'un nourrisson, handicap à vie pour des patients, faux et usage de faux». Les plaintes déposées contre le propriétaire et des médecins de la clinique par plusieurs patients ont permis de dévoiler les dessous de cette affaire, mettant en lumière non seulement le drame des malades, lesquels se sont vu «ôter» l'œil à leur insu suite à de simples actes chirurgicaux (cataracte), mais aussi des dépassements au niveau de la structure en question. En plus, il a été révélé suite à l'expertise effectuée par le laboratoire régional de la police scientifique de Constantine que la signature du frère de l'une des victimes, apposée au bas du dossier de la malade, n'était pas conforme. Un état de fait confirmé par les victimes qui avaient attesté que le directeur de la clinique ne leur avait jamais demandé de signer une décharge en cas de complications. D'autres incohérences ont été mises à nu lors du procès, telle que l'absence de fiches pour chaque patient et l'exercice non autorisé par le ministère de certaines activités, entre autres, l'urologie et la gynécologie obstétrique, en plus du tableau d'affichage des activités et du type d'exercice des praticiens exerçant au niveau de cette clinique, qui s'est révélé non conforme aux instructions ministérielles. Sur un autre chapitre, les erreurs médicales devenues assez fréquentes témoignent bien d'une défaillance, d'ailleurs, les derniers chiffres communiqués jeudi par le président du conseil de l'Ordre des médecins, le Dr Bekkat Berkani, font état de près de 500 plaintes déposées au niveau national contre des médecins durant les trois dernières années. Le conseil de l'Ordre étudie ces plaintes conformément aux dispositions de la loi en vigueur mais son rôle reste complémentaire à celui de la justice dans son travail qui consiste à déterminer les erreurs médicales, à faire éclater la vérité et à rendre justement cette justice.