L'UE mettait sur pied hier une opération navale pour «casser» l'activité des trafiquants qui exploitent la détresse des migrants prêts à tout pour traverser la Méditerranée à destination de l'Europe. Elle intervient un mois après un naufrage qui a fait 800 morts. Cette mission sans précédent va entraîner le déploiement de bâtiments de guerre et d'avions de surveillance des armées européennes au large de la Libye, devenue la principale plate-forme du trafic. Elle requiert un accord des Nations unies et ne sera véritablement lancée qu'en juin. L'opération devait être formellement décidée hier après-midi à Bruxelles par les 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE, après une réunion avec leurs homologues de la Défense. Elle permettra de «démanteler les réseaux qui font du trafic d'êtres humains dans la Méditerranée», a expliqué la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à son arrivée. Réunis en urgence le 23 avril, les dirigeants de l'UE ont demandé une opération pour «capturer et détruire les embarcations» des passeurs venant de Libye avant qu'elles ne soient utilisées. La mission militaire est toutefois unanimement dénoncée par les ONG. Selon ses détracteurs, elle va seulement déplacer les routes empruntées par les passeurs et n'augmentera que les risques pour les migrants. Même le procureur sicilien Giovanni Salvi, en première ligne contre les passeurs, est sceptique. L'opération, intitulée EU Navfor Med, aura son quartier général à Rome. Son commandant devrait être l'amiral italien Enrico Credendino, a expliqué un diplomate européen. La France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ont déjà promis de fournir des navires. La Pologne et la Slovénie engageraient des avions de surveillance ou des hélicoptères, selon des sources diplomatiques. Il ne sera toutefois pas question d'opérations militaires en territoire libyen, a assuré Mme Mogherini. 172 Tunisiens détenus par une milice de Fajr Libya La Tunisie tente de négocier la libération de 172 Tunisiens détenus en Libye par un groupe de la coalition de milices islamistes Fajr Libya en représailles à l'arrestation à Tunis de l'un de ses chefs, a annoncé hier la diplomatie tunisienne. «On va tenter et faire les efforts pour résoudre ce problème au niveau politique. Je suis optimiste. Au ministère des Affaires étrangères, il y a un suivi de près matin et soir. Je serai chargé de ce dossier», a déclaré à la radio Shems-Fm le secrétaire d'Etat tunisien chargé des Affaires arabes et africaines, Touhami Abdouli, après l'arrestation d'au moins 172 Tunisiens à Tripoli.