Les Pays-Bas sont en deuil. Ce qui devait être une journée de fête nationale, jeudi 30 avril, est vite devenu un cauchemar.Alors que les Hollandais attendaient de voir passer le cortège royal, dans la ville d'Apeldoorn, un kamikaze en voiture a foncé dans la foule, dans le but de s'en prendre délibérément à la famille royale. Un kamikaze qui a avoué son acte dirigé contre la famille royale, avant de décéder hier de ses blessures. Cinq personnes sont mortes et une douzaine de blessés dont certains très grièvement touchés : c'est le triste bilan de ce «carnage». Vendredi, la plupart des médias bataves avançaient que l'auteur de cette action dramatique, Karst, le Néerlandais de 38 ans habitant à Huissen, «aurait agi par désespoir d'avoir perdu il y a peu son emploi d'agent de sécurité et d'être expulsé de son logement». Lors des premiers contacts avec la police sur place, avant d'être hospitalisé, il avait expliqué que son action était dirigée contre la famille royale. Il n'était pas connu de la police, ni de la justice, ni des services de soins psychiatriques, ni fiché comme terroriste. Un acte désespéré ou politique ? Quel que soit le motif réel invoqué par les médias, l'homme a réussi à forcer deux barrages, avant de foncer dans la foule pour tenter d'atteindre le convoi de la maison royale, qui défilait dans un bus à toit ouvert. Sa voiture s'était emboutie dans le socle d'un monument à quelques mètres du bus, sous les yeux de la reine Beatrix, de prince héritier Willem-Alexander et de sa femme Maxima. Alors, acte désespéré ou acte criminel et kamikaze ? Ce qui est sûr, c'est que l'homme n'avait aucun antécédent ni judiciaire ni psychiatrique et encore moins politique. Mais les raisons de son geste invoquées par les médias néerlandophones laissent sceptiques, dans la mesure où l'homme aurait pu choisir d'autres actions revendicatives, puisqu'il n'était pas fou, apparemment. Des enquêtes vont probablement être menées dans l'entourage du kamikaze. Il reste que si tout le monde condamne cet acte criminel qui aura endeuillé les Pays-Bas, il nous rappelle quant à nous des cas similaires lors d'actions terroristes perpétrées par des «islamistes» notamment. Sauf que ces derniers utilisent des véhicules bourrés d'explosifs. Ce n'était pas le cas en Hollande et c'est tant mieux, car il y aurait pu avoir un carnage avec les milliers de personnes qui étaient sur place. En outre, on s'interroge sur la perméabilité des services de sécurité qui ont été largement dépassés et surpris. Surtout en de pareilles circonstances. Un drame conséquence de la crise économique ? La Fête de la reine, et en même temps fête nationale, est célébrée depuis 1949. C'est aussi la date anniversaire de la reine défunte Juliana, la mère de Beatrix. Elle est organisée dans tout le pays, mais surtout à Amsterdam où elle attire des centaines de milliers de personnes chaque année, qui portent, à l'occasion, des vêtements ou accessoires orange, la couleur de la maison royale. La fête nationale des Pays-Bas a été évidemment gâchée. Et le peuple hollandais n'en revient encore pas d'avoir été confronté à un tel événement, difficilement imaginable dans son pays. Pourtant, en regardant, en boucle, les images filmées en direct de l'action criminelle, les Hollandais se rendent compte qu'aucun peuple au monde n'est à l'abri de tels actes.Nous compatissons d'autant plus avec la famille royale et le peuple de Hollande, que l'Algérie a souffert et continue, hélas, de souffrir de tels actes depuis plus de deux décennies. Il reste juste à espérer que cet acte sera plutôt un acte isolé et non politique. Mais quelle qu'en soit la raison, cet acte suscite beaucoup d'interrogations. Car si l'on en croit les médias hollandais, qui avancent la thèse du désespoir et de la perte d'un gagne-pain, le problème restera toujours posé, dans la mesure où, avec la crise économique et financière mondiale, de plus en plus de travailleurs sont mis à la porte. Les récents et récurrents événements qui se sont déroulés un peu partout en Europe et en France, où des collectifs entiers de travailleurs licenciés s'en sont pris aux biens de l'Etat et ont «séquestré» leurs employeurs, devraient être pris très sérieusement en considération. De tels actes «kamikazes», certes, ne sont pas souhaitables. Nous ne pouvons que les condamner avec vigueur, mais ils seront toujours possibles, tant que des discriminations, des disparités et des injustices sociales existeront. A la veille du 1er mai, fête du Travail, cet acte incompréhensible se voulait-il un message, un symbole ? Les Hollandais, mais aussi tous les autres peuples épris de paix, de justice et d'équité devraient y méditer…