Le procès de Khalifa Bank, qui se poursuit au tribunal criminel de Blida, nous révèle encore une fois le recours à la gabegie et au détournement de deniers publics qui s'opéraient au sein de cet établissement financier privé. Ce genre d'actes délictuels a fait l'objet d'un premier rapport par la Banque d'Algérie vers la fin de l'année 2001, soit deux années avant la décision de dissolution de Khalifa Bank intervenue en 2003 à la suite d'une découverte d'un trou de 3,2 milliards de dinars. Le premier rapport qui attestait d'infractions au mouvement des capitaux au sein de Khalifa Bank était en effet établi le 18 décembre 2001. C'est ce qu'a révélé hier Abdelkrim Lakehal, ancien secrétaire général du ministère des Finances qui a comparu en tant que témoin au tribunal criminel de Blida. «Ce rapport relevait effectivement des infractions relatives au mouvement des capitaux mais ne contenait pas des procès-verbaux, par conséquent, n'était pas suffisant pour actionner la justice», dira le même témoin. Abdelkrim Lakehal a aussi indiqué que le même rapport a été adressé à Ali Touati qui était vice-président de la Banque d'Algérie et à Mourad Medelci qui était ministre des Finances à l'époque. «Les rédacteurs de ce rapport n'étaient pas habilités à le faire.» Ils n'étaient pas qualifiés du fait qu'ils n'étaient pas assermentés», a précisé l'ancien responsable, ajoutant que le rapport «plutôt informatif, n'était pas suffisant pour engager une action en justice», dira encore Abdelkrim Lakehal. Il ajoutera que le même rapport n'a été exhumé que quatre mois plus tard avec la venue de Terbèche Mohamed Taleb à la tête du ministère qui avait demandé la mise en place d'un groupe de travail pour examiner la situation, précisant à l'occasion qu'il n'avait pas consulté la teneur du document car il était destiné au ministre. Un premier rapport qui disparaît au ministère des Finances Le rapport établi sur les infractions de Khalifa Bank et adressé au ministre des Finances, Mourad Medelci, avait disparu du département ministériel, a encore certifié le témoin Lakehal. «A son installation en tant que nouveau ministre en remplacement de Mourad Medelci, Terbèche Mohamed Taleb n'avait pas trouvé ce premier rapport sur Khalifa Bank. Le nouveau ministre des Finances a dû le demander une seconde fois auprès de la Banque d'Algérie. Selon le témoin Abdelkrim Lakehal, le rapport de 14 pages dans sa version finale daté du 11 novembre 2002, contenait également des parties sur les autres filiales du groupe, dont Khalifa Airways, à laquelle ont été consacrées pas moins de quatre pages, est-il rapporté par l'APS. Un point sur lequel s'est attardé la défense de l'accusé Rafik Abdelmoumène Khelifa, mettant en exergue le fait que les contrôles de la «Banque d'Algérie concernent exclusivement les institutions financières». En outre, le tribunal criminel a appelé à la barre, pour témoigner, des membres de la commission bancaire, dont Akhrouf Kamel qui était son secrétaire général. Les témoins ont mis l'accent sur la nature de leur mission de contrôle qui se fait sur «pièce et sur place, à travers des documents et des inspections sur les lieux», déclarant que la commission avait saisi le parquet de Blida sur les infractions de Khalifa Bank en 2004 afin de prendre les mesures qui s'imposaient, rapporte-t-on également de même source.