A l'issue d'une audition fleuve qui aura duré près de 20 heures d'affilée, compte tenu du grand nombre de personnes convoquées, le tribunal d'El Hadjar a décidé, hier, de placer sous mandat de dépôt Ahcene Fellah et 7 autres coaccusés, parmi lesquels le directeur de Fersid, une filiale de l'En Sider, 3 entrepreneurs. un technicien en reproduction, un photographe et le chauffeur de Fellah. Toutes ces personnes répondaient devant le magistrat instructeur près ledit tribunal d'activités illégales au détriment du complexe sidérurgique d'El Hadjar et du Trésor public, qui auraient causé un préjudice financier estimé provisoirement à 700 milliards de centimes à ces deux parties, indiquent des sources judiciaires. Pas moins de quatre chefs d'inculpation - évasion fiscale, blanchiment d'argent, complicité de fraude et faux et usage de faux - ont été retenus contre les inculpés dans cette affaire qui n'a pas dévoilé tous ses dessous. La direction des Impôts de la wilaya d'Annaba s'est portée partie civile durant l'instruction de jeudi, ont souligné nos sources. Rappelons que le nommé Fellah, un des vice-présidents de l'APW de cette même wilaya, est un des plus gros opérateurs dans le domaine de la récupération et la revente des métaux ferreux et non ferreux de récupération. Un milliardaire qui aurait étendu son champ d'activité à d'autres créneaux tout aussi lucratifs, tels que le transport de marchandises et l'immobilier, notamment. Ce personnage influent au niveau local, qui est à la tête d'une fortune estimée à quelque 2000 milliards, murmure-t-on à Annaba, aurait soudoyé des centaines de personnes, que ce soit au sein du complexe ou dans l'administration pour parvenir à ses fins. L'élu-milliardaire aurait ainsi réussi à s'assurer en outre la connivence de nombreux autres entrepreneurs établis au niveau des principales wilayas de l'Est algérien impliqués eux aussi dans le trafic de la ferraille. Une trentaine d'entre ces derniers a d'ailleurs été convoquée à la série d'auditions de ce week-end, et qui devrait se poursuivre ce matin, selon des sources judiciaires. Outre l'éventualité de la présentation aujourd'hui de trois personnes, dont un ex-directeur de la sécurité du complexe sidérurgique d'El Hadjar qui font l'objet d'un mandat d'amener ordonné par le Parquet, on s'attend à voir défiler dans le bureau du juge d'autres acteurs, et pas des moindres, dans ce scandale. Il y a lieu d'indiquer que toute l'affaire a été éventée après qu'une enquête ait été ouverte sur l'activité douteuse d'une société privée indienne, la GSW, sous-traitante dans le domaine justement de la récupération de ferraille avec Arcelor Mittal. Les investigations entreprises avaient abouti, rappelons-le, à la découverte d'une arnaque portant sur la surfacturation des produits ferreux livrés au complexe avec la complicité des agents de sécurité d'Arcelor Mittal d'un certain poste de garde. Les deux principaux directeurs de GSW, traduits en justice pour fraude et évasion fiscale, ont été condamnés au même titre que les deux employés algériens à 3 années de prison ferme.