Instrument légal et obligatoire de planification spatiale et de gestion urbaine, le Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) fixe les orientations fondamentales de l'aménagement du territoire, comme il tient compte des schémas d'aménagement et des plans de développement économiques et sociaux. Sa révision, tout particulièrement au niveau de la capitale, s'est posée depuis quelques années par les autorités confrontées à la concrétisation des projets d'intérêt public. C'est sur cette problématique que se sont penchés des spécialistes réunis par l'APW au cours d'une journée d'étude sur le développement urbanistique de la capitale à travers le PDAU, les réalités et les perspectives, une rencontre placée sous le patronage du ministre de l'Habitat et du wali d'Alger. Il faut savoir tout d'abord que la wilaya d'Alger a pour ambition de faire naître, à travers son plan stratégique, une ville à peau neuve à l'horizon 2030. Parmi les grands chantiers qui ont démarré dans ce sens, on citera la baie d'Alger, un méga projet où il a été fait appel à des experts internationaux. La volonté de la wilaya d'Alger associée à celle des pouvoirs publics est de donner de la puissance à la capitale tout en conservant son identité. L'objectif principal du plan stratégique vise essentiellement le développement et l'attractivité de la capitale dans différents secteurs d'activité mais aussi de catalyser les autres villes du pays à suivre cette voie basée sur une politique de développement durable. Le P/APW, Karim Bennour, a d'ailleurs confirmé, dans son discours d'ouverture, le soutien de l'Assemblée qu'il préside à l'exécutif de la wilaya dans toute initiative promotionnelle pour la capitale. «En organisant cette journée, souligne-t-il, qui réunit un panel de spécialistes autour de questions intéressant tous les Algérois sans distinction aucune ni exclusion, nous apportons la preuve de notre adhésion à tout projet visant à promouvoir l'image de notre chère capitale. Il faut rappeler toutefois que l'intérêt que porte l'APW à ces initiatives s'est manifesté déjà dans le passé, à l'image des journées d'étude organisées l'an dernier sur les Smart-Cities ou villes intelligentes». Ce séminaire, poursuit-il, «intervient à l'heure où on enregistre un développement urbanistique remarquable et rapide dans une ville confrontée à des défis et difficultés dans les domaines économique, social et environnemental». L'élu qui rappellera que cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la mise en application de la politique nationale menée pour désenclaver la capitale et l'intégrer dans l'ensemble des capitales du monde ne manquera pas d'apprécier l'effort consenti par l'autorité de la wilaya et des collectivités locales dans la concrétisation sur terrain de cette politique et surtout pour rattraper les insuffisances notamment celles liées au développement de la ville d'Alger et de faire de cette dernière la plus belle capitale méditerranéenne. «Il est vrai, fait observer le P/APW, qu'après la décennie noire, les pouvoirs publics ont essayé de désenclaver la capitale et la faire sortir de sa torpeur et du sous-développement qui la caractérisait, particulièrement au volet aménagement et urbanisme en la dotant d'infrastructures de base modernes, mais les études et les outils mis en place durant cette période ont montré leurs limites devant la complexité des problèmes. En fait, on n'a pas pris en considération une réalité exigeant des moyens d'accompagnement en rapport avec ce qui se faisait dans le monde». Pour l'élu, la capitale a vécu une phase particulière dans son histoire où elle a fait face à une multitude d'insuffisances, résultat de cumuls de problèmes socioéconomiques des années précédentes, à savoir une crise du logement aiguë qui s'est accentuée durant les dix dernières années, conséquence de la décennie noire, une circulation routière catastrophique, et la problématique du vieux bâti qui constitue une part importante du parc immobilier hérité de l'époque coloniale. A cela il faut ajouter une démographie galopante d'une part et la fréquence des séismes qui fait grossir le nombre des immeubles menaçant ruine (IMR) d'autre part. En conclusion, le P/APW s'interroge : comment sera la capitale dans le futur ? Quels sont les moyens et les outils d'exécution de ces plans ? La capitale est-elle aujourd'hui une ville résiliente, globale et durable ? Comment et quels sont les mécanismes nécessaires pour atteindre cet objectif ? Comment maîtriser l'expansion urbanistique de la capitale et dans quelle direction se fera cette expansion ? Des questions qui rejoignent celles posées par le président de la commission urbanisme et habitat de l'APW, le Dr Abdelkader Safi. Ce dernier a tout d'abord cité les causes majeures ayant présidé à une telle situation en parlant de «saturation de la capitale en matière d'urbanisation avant d'entrer dans une phase d'expansion urbanistique incohérente, ce qui oblige l'ajournement de la mise en application du PDAU jusqu'à ce que tous les paramètres soient pris en considération et permettront de ce fait de grands changements pour une capitale qu'on espère à un rang mondial». Mieux, l'intervenant rappelle «qu'Alger qui souffre d'un retard significatif par rapport aux capitales du Maghreb dans l'organisation de l'administration, de la planification et des infrastructures de base, est aujourd'hui plus que jamais confrontée à des problèmes complexes appelés à la hausse. Aussi, est-il recommandé de s'accommoder aux règles du nouvel ordre mondial et de restructurer son économie en conformité avec les données de l'heure. A défaut il y a risque de voir la capitale confinée dans l'isolement et le sous-développement et son avenir otage d'une vision futuriste réaliste, une vision profonde à long terme basée sur des méthodes scientifiques modernes dans l'administration et l'aménagement urbain et territorial». Devant tant d'interrogations, le PDAU d'Alger réussira-t-il à donner à la capitale sa place parmi les meilleures villes de la Méditerranée et pourquoi pas la plus belle, comme l'a annoncé le ministre Abdelmadjid Tebboune ? L'espoir est permis.