Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Au moment où l'Europe et les Etats-Unis renforcent leurs barrières tarifaires dans le but de protéger leurs économies et leurs industries, les pays émergents observent une attitude passive, voire illogique face au déclin de leur tissu économique et surtout industriel. La wilaya d'Oran couvre un tissu industriel consistant et assez important à travers trois grandes unités industrielles et sept zones d'activité. Ces dernières abritent une trentaine de grandes industries, dont 3 privées et 72 petites industries, selon la direction de l'industrie et des mines de la wilaya d'Oran. Seules quelques filières réussissent cependant à s'imposer sur le marché national, régional et continental. Parmi les secteurs qui réussissent à faire face à la concurrence étrangère, on peut citer les constructions métalliques, transformation et tréfilage d'acier, production de gaz industriel, fabrication de colle industrielle, tapisserie industrielle, produits de peinture, matériaux de construction, transformation plastique, production d'articles ménagers, construction navale, revêtement de sol et fabrication des verres et contactologie.Ces créneaux porteurs d'une industrie naissante restent toutefois soumis aux aléas et aux conditions exogènes, notamment les importations sauvages et anarchiques qui les soumettent à une rude et déloyale concurrence. Pour ce qui est des industries de tannerie, du cuir, de la tapisserie, des textiles, etc. la situation est tout autre, faute d'une politique de protection de ces secteurs industriels. L'exemple des unités Ecotex et Enaditex d'Oran qui ont vu la fermeture de plusieurs unités et la stagnation des autres est assez édifiant. Mais l'industrie du textile n'est pas la seule à faire les frais de la concurrence déloyale. L'exemple de l'unité d'Alver d'Oran illustre la situation de faillite qui touche les industries locales, et ce, malgré l'importance de la filière sur le territoire national, continental et dans le monde arabe. Spécialisée dans la production de verre plat, gobeleterie, emballage en verre (bouteillerie et cristallerie), pare-brise et vitres latérales, l'unité de l'usine de verrerie d'Es Sénia est passée par des moments difficiles. Pourtant, tout était fait pour qu'elle connaisse son essor sur le territoire et sur le continent. A elle seule, Alver répondait à 70% des besoins en verre plat, 80% en emballage en verre, 70% en verrerie de laboratoire et emballage pharmaceutique, etc. Disposant d'équipements de pointe et d'un personnel hautement qualifié, Alver ne se souciait point de la part de marché grignotée par les petites entreprises privées et le recours à l'importation. Mais malgré tous ces atouts, Alver se retrouvera face à des complications, difficultés financières et autres problèmes.Le potentiel de l'entreprise et sa situation difficile ont intéressé l'opérateur français Saint-Gobain, un des géants mondiaux du verre, qui formulera une offre de rachat d'Alver pour 5 millions d'euros. L'affaire allait être ficelée si, n'eût été l'opposition du collectif des travailleurs de l'usine qui dénonçait un bradage pur et simple de l'entreprise, cela, malgré toutes les assurances et les promesses du groupe français. Le coup de théâtre sera l'annonce d'un plan de sauvetage de l'entreprise, sur recommandations du président de la République, afin de récupérer l'unité et relancer sa production. Le suspense qui entourait la situation ou plutôt le devenir de cette usine était finalement définitivement levé. Le gouvernement algérien a décidé d'éponger les dettes de l'entreprise qui s'élevaient à plus de 4,3 millions de dinars. Le protectionnisme économique de l'outil de production nationale a joué, dans le bon sens, espère-t-on.L'opérateur français, s'il est toujours intéressé par cette unité, pourra toujours envisager un accord de partenariat avec les responsables de l'entreprise dans le cadre des dispositions de la loi de finances 2009. Bénéficiant d'une assiette foncière de 17 hectares et d'une position géostratégique enviable, Alver SPA dispose d'une capacité de production de 60 000 tonnes/an. La production de son usine arrive à satisfaire, en grande partie, les besoins du marché en matière de conditionnement. De 2005 à 2006, l'unité Alver a bénéficié d'un plan global de restructuration et d'un investissement de plus de 8 millions de dollars pour la réhabilitation de l'usine et l'acquisition des équipements les plus perfectionnés pour le contrôle de la qualité en sortie de chaîne, notamment pour l'élimination de toute tolérance en matière de rebus. 440 millions de dinars ont été consacrés au renouvellement de deux fours. Espérons que les responsables et les travailleurs de cette unité sauront saisir cette opportunité et faire redécoller leur unité.