Il est encore des régions qui ne connaissent pas les bienfaits du progrès. Dans plusieurs villages de haute Kabylie, la pénurie d'eau potable a poussé nombre d'habitants à l'exode. L'exemple de la petite bourgade d'Ath Azzi résume la détresse de la population. La période des grandes chaleurs approche et suscite déjà des appréhensions dans certaines régions à cause des probables pénuries d'eau qui affectent les ménages durement. Ceci arrive alors qu'il y a quelques jours, l'Algérienne des eaux (ADE) avait annoncé cette bonne nouvelle pour les ménages et les habitants de certaines régions de la wilaya de Tizi Ouzou qui verront l'alimentation en eau potable où elle est déjà distribuée 24h/24 multipliée par six. S'il est vrai aussi que depuis l'année 2006 une nette amélioration en matière d'alimentation a été remarquée, puisque de 5% de couverture elle est passée jusqu'à la fin de l'année 2008 à 30% des raccordements alimentés sans interruption, d'autres régions ne sont pas concernées par ces améliorations. L'exemple qui illustre le mieux ce cas de figure nous vient de la commune de Tizi Ghennif qui n'est pas aussi bien lotie, à l'instar des autres communes du sud de la wilaya. Le raccordement d'une dizaine de localités situées au sud de la wilaya au barrage Koudiet Asserdoun, dans la wilaya de Bouira, n'a pas pour autant éloigné le spectre des pénuries. Dans cette commune de Tizi Ghennif existe un village, Ath Azzi, dont les habitants n'ont pas vu couler une seule goutte d'eau depuis treize longues années ! Pourtant ce village est situé à seulement sept kilomètres du chef-lieu communal. Ath Azzi ignore le mot AEP Après une si longue période, les villageois ont tout simplement supprimé de leur vocabulaire l'expression «alimentation en eau potable». La colère des habitants de ce villages, avons-nous appris, n'excluent pas de recourir à des actions de protestation dans les jours à venir, d'autant qu'ils s'estiment lésés, pour ne pas dire royalement ignorés, comparativement aux autres villages de la commune. Ils sont déjà en train de mettre en place une association de comité de village pour mieux défendre leurs intérêts dans un cadre structuré et organisé, nous ont indiqué des habitants d'Ath Azzi. Pour s'approvisionner en eau potable, ces mêmes habitants se retrouvent dans l'obligation de se déplacer au village voisin, Ath Maâmar, en dépensant parfois des sommes importantes pour les frais de transport. Cette situation des plus déplorables se maintient, bien que, à côté, d'autres villages bénéficient même de l'accès au réseau internet. Au problème d'alimentation en eau potable viennent se greffer d'autres qui rendent ainsi la vie des habitants difficile. Citons, entre autres, l'inexistence d'un centre de santé pour accueillir d'éventuels malades ne serait-ce que pour les soins d'urgence. Pour ce faire, ils se déplacent jusqu'à Draâ El Mizan sur une distance de dix-sept kilomètres et avec leurs propres moyens. Il existe bel et bien à quatre kilomètres de là un centre de soins, mais vu qu'il ne dispose même pas des moyens les plus élémentaires inhérents à la prise en charge de malades, ils se retrouvent donc dans la dure obligation d'aller jusqu'à la commune voisine de Draâ El Mizan qui est dotée d'un hôpital. Les habitants de ce village, dont les routes sont défoncées et deviennent donc impraticables notamment en hiver, rejettent la balle aux élus locaux qui les ignorent après leur avoir miroité, comme à chaque fois, tant de promesses qui ne durent malheureusement que le temps d'une campagne électorale. Cette lamentable situation n'est pas propre au village Ath Azzi de Tizi Ghennif. D'autres villages à travers plusieurs localités de la wilaya, du nord au sud et de l'est à l'ouest, sont quasiment dans la même situation.