Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est-t-il ébranlé par le mouvement de dissidence que conduit depuis quelques mois Abdelmadjid Menasra ? Les démissions en cascade dans les rangs de ses élus vont-elles provoquer une véritable crise dans le parti ? La démission de Bouguerra Soltani du gouvernement réussira-t-elle à atténuer l'ampleur des dissensions ou accentuera-t-elle le fossé entre les deux antagonistes ? Ce sont autant de questions que se posent les observateurs, mais surtout les militants du parti islamiste. Au moment où les dissidents continuent d'afficher leur optimisme à voir les militants rejoindre massivement les rangs du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC), les dirigeants du MSP, quant à eux, qualifient le mouvement de contestation de non-événement. «Le mouvement est seulement réactualisé puisqu'il est né au lendemain de la tenue du 4e congrès du parti», a précisé Mohamed Djoumoua, chargé de la communication au MSP. Selon lui, le parti n'a pas enregistré de nouveaux cas de démissions puisque les démissionnaires ont quitté le MSP au lendemain de ses assises nationales. «Ces élus, ces parlementaires et ses militants qui annoncent leur démission du parti n'ont fait en réalité qu'officialiser une démission qui date du lendemain de notre dernier congrès national», a indiqué notre source, en soulignant que les militants qui ont rallié le MPC ont boycotté les activités du parti depuis déjà quelques mois. Qualifiant le mouvement de dissidence de «diversion médiatique», le chargé de la communication au MSP a appuyé ses propos par l'exemple d'un sénateur qui a démissionné du groupe parlementaire du parti, puis du conseil consultatif, puis du conseil de wilaya «pour donner l'impression que les dissidents sont nombreux». Concernant la naissance du groupe parlementaire pour le changement (GPC) composé de 25 députés dissidents, notre interlocuteur a noté que sept membres de ce groupe ont rejoint les rangs du parti ces derniers jours. «Sept parlementaires du GPC ont signé l'appel des 100 personnalités qui appellent à la réconciliation et à ressouder les rangs du parti», a indiqué M. Djoumoua. De son côté, le député dissident Abdelaziz Mansour, coordinateur du GPC, tout en soulignant que son groupe n'a plus de lien avec le MSP, a affirmé avoir adressé une correspondance au président de l'APN, Abdelaziz Ziari, afin qu'il définisse le statut du GPC. La loi stipule que dix députés ont le droit de constituer un groupe parlementaire, alors que le GPC est composé de 25 députés. «Le président de l'APN, que nous rencontrerons dans une semaine, nous expliquera si nous sommes un groupe indépendant ou nous demandera de rejoindre le groupe des députés indépendants déjà existant», a indiqué notre interlocuteur. A propos des déclarations de M. Soltani, qui a affirmé que 3% seulement des militants ont rejoint le MPC, M. Mansour a expliqué que la démission du président du MSP du gouvernement a été dictée par l'ampleur de la crise qui secoue le parti. «M. Soltani a déclaré à la presse qu'il ne peut pas rester au gouvernement alors que son parti est frappé par un séisme. Est-ce que 3% des militants peuvent provoqué un séisme ?», s'est interrogé notre interlocuteur.