C'est désormais officiel, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, a décidé de quitter le gouvernement après y avoir siégé des années durant. La décision du chef du parti islamiste, qui occupait jusque-là le poste de ministre d'Etat, de quitter l'Exécutif, est dictée par la situation tumultueuse dans laquelle évolue ces derniers temps le parti islamiste. D'ailleurs, M. Soltani explique son retrait du gouvernement par sa volonté de s'occuper des affaires du parti. La question qui se pose : pourquoi Soltani a attendu plus d'un an pour décider de «satisfaire» l'une des principales revendications des cadres hamasistes ? Ces derniers, faut-il le rappeler, ont fait de la question de la démission de Soltani du gouvernement un leitmotiv, depuis notamment le quatrième congrès du parti. Ayant réussi à écarter ses adversaires des instances nationales du MSP (Conseil consultatif, bureau politique), M. Soltani a décidé, au lendemain des assises nationales de son mouvement, de tourner le dos à la demande de son concurrent Abdelmadjid Menasra de quitter son poste ministériel. L'attitude «négative» de Soltani n'a fait qu'accentuer les dissensions au sein du parti et provoquer une dissidence assumée publiquement par des dizaines de cadres. Ces derniers, à leur tête l'ancien ministre de l'Industrie, Menasra, ont annoncé récemment la création d'un nouveau parti : le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) auquel ont adhéré des députés, des élus locaux et des centaines de militants. Face à cette situation de crise, voire de déliquescence de la formation islamiste, son président s'est retrouvé face à deux choix : rester à la tête du MSP ou rester au gouvernement. Devant la pression de ses adversaires et le risque d'implosion du parti de l'Alliance présidentielle, Soltani a finalement opté pour s'occuper exclusivement des affaires du parti. A cet effet, il a adressé un courrier au président de la République dans lequel il lui demande de le décharger de son poste au niveau de l'équipe de Ouyahia. Le chef de l'Etat va accéder certainement à la demande du cheikh islamiste qui consacrera dorénavant son temps à construire son organisation dans la sérénité. Une tâche qui semble difficile vu le travail de «sape» que mène le groupe Menasra au niveau de la base du parti. Un travail qui donne ses fruits, puisque jeudi, pas moins de 25 élus sur 33 que compte le MSP dans la wilaya de Boumerdès, ont décidé de rejoindre le MPC. Une situation qui risque de compromettre les chances du MSP de bénéficier de postes ministériels d'importance dans le nouveau gouvernement.