Le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement et le wali d'Alger ont effectué hier une visite d'inspection au niveau de la décharge de Oued Smar et des centres d'enfouissement technique d'Ouled Fayet et Hamici (Zéralda) pour s'enquérir de l'avancement des travaux de réhabilitation de ces derniers. Au premier point, Abdelouahab Nouri n'a pas manqué d'exprimer son mécontentement quant à la cadence des travaux d'aménagement jugée trop lente par rapport à la durée accordée à ce projet inscrit en 2008 et lancé en 2009. «Je veux en finir avec ce projet et ma réaction est tout à fait naturelle. Ce projet qui est réalisé à 80% aurait pu être livré à la population. Je suis effectivement contrarié par le taux d'avancement qui ne correspond pas à la réalité physique, raison qui m'a poussé à prendre la décision de désigner un nouveau chef de projet qui va assurer son suivi tout en exigeant un contrôle quotidien et hebdomadaire avec copies à transmettre au ministre», a déclaré à cet effet le premier responsable du secteur. Pour rappel, la décharge d'Oued Smar a été exploitée durant plus de 30 ans et les normes environnementales étaient pendant ce temps loin d'être respectées. Lors de la dernière phase d'exploitation, comme l'a expliqué l'un des chefs de projet, la décharge avait produit beaucoup de nuisances à tel point que les pouvoirs publics avaient décidé de sa fermeture. Des nuisances au plan paysager (un monticule de déchets de plus de 40 mètres de haut), olfactif, production de lixiviats, présence constante des chiffonniers sur le site sans parler de l'aspect sécuritaire au vu de sa proximité avec l'aéroport d'Alger. Ce sont donc tous ces facteurs qui ont poussé les pouvoirs publics à agir rapidement pour fermer ce site de 45 hectares. Il s'agissait dans une première phase de reprofiler les déchets, les couvrir, ensuite poser une membrane étanche. Le lieu devait être transformé en plusieurs espaces de loisirs dédiés aux citoyens à savoir des jardins, kiosques, plans d'eau et des annexes de détente. En somme, une véritable plaie pour la capitale. Pour sa fermeture, il fallait penser à compenser par des CET d'abord à Corso puis à Staouéli, Ouled Fayet et Hamici. L'entreprise libanaise, en charge de la réhabilitation de cette décharge, a annoncé la livraison du projet pour le mois de novembre avec un avenant de 3 mois. Une promesse difficile à tenir devant une réalité qui inspire moins d'optimisme. Le ministre a lui-même sommé l'entreprise de faire plus d'efforts pour terminer ce projet qui a coûté 1000 milliards de centimes au Trésor public. «Il faut rattraper les retards et ne plus parler de glissements de délais», lui ont fait entendre le ministre et le wali. Parallèlement, Nouri a fait savoir qu'il souscrit pleinement à l'idée de Zoukh de mettre en place une pépinière en promettant l'enveloppe financière correspondante. Une pépinière qui devra servir d'appoint pour l'entretien et la maintenance de ce projet. «J'attends, dira le ministre, des services techniques une réponse à ce sujet pour une évaluation financière». Pour le wali, il s'agira également de former des spécialistes dans le domaine de la maintenance pour assurer la continuité. A Ouled Fayet, la délégation a suivi les explications de l'entreprise en charge de la réhabilitation du CET qui, faut-il le rappeler, a été ouvert pour recevoir une quantité de déchets en provenance de la décharge d'Oued Smar. Ce projet ayant atteint aujourd'hui un taux physique de 30% coûtera 194 milliards et la date de livraison est prévue pour avril 2016. Implanté dans la circonscription de Zéralda, le CET Hamici est le plus grand centre d'enfouissement de la capitale avec une capacité de 10 millions de m3. Pour le moment, un seul casier de 1,6 million m3 est fonctionnel. Il reçoit 1800 tonnes/j de déchets ménagers. Mais avec la fermeture prochaine du CET de Staouéli qui couvre 5 communes limitrophes, Hamici est appelé à un plus grand rendement, d'où la nécessité d'une extension avec l'ouverture d'un deuxième casier de 2 millions m3. Encore une fois, le ministre n'a pas aimé la manière de déshabiller Paul pour habiller Pierre : «Vous n'avez pas été capables de régler le problème à Réghaïa en choisissant la solution de rechange pour délocaliser vers Hamici. Viendra le jour où ce site sera lui aussi saturé et on sera confronté au même problème.» En fait, le ministre a besoin d'un inventaire des sites pouvant éventuellement recevoir un CET et ne pas agir au pifomètre. «Il faut d'ores et déjà penser à identifier les sites en mesure de recevoir un projet de centre d'enfouissement», a conclu le ministre.