Tantôt le regard braqué vers le sol, tantôt vers l'extérieur de son petit chalet perché sur les hautes montagnes du Djurdjura. C'est dans cette posture que Hamza, l'un des cinq accompagnateurs d'Hervé Gourdel, a présenté son témoignage à la chaîne d'information continue française BFM TV, sur l'enlèvement de l'alpiniste français. Hamza, ce jeune Algérien qui a accueilli le Niçois de 55 ans lors de sa randonnée dans les montagnes de Kabylie, semble être marqué à jamais par la journée du 21 septembre 2014. Assis derrière la fenêtre de son chalet, il raconte à BFM TV les détails de l'enlèvement de Gourdel. Hamza indique qu'avec ses quatre amis et Hervé, ils étaient sur le point de rentrer au chalet lorsqu'ils sont tombés nez à nez avec le groupe de terroristes armés au village Ait Ouabane, commune d'Akbil dans la wilaya de Tizi Ouzou. «Nous nous sommes présentés en leur disant que nous étions des montagnards. Eux, ils se sont présentés en tant que Djound El Khilafa», se souvient Hamza. «Je leur ai dit : c'est Daech ? Ils m'ont répondu que les appeler ainsi était une insulte». L'un des hommes armés se retourne vers Gourdel et lui demande de parler, «Hervé leur disait non je ne comprends pas ce que vous dites». C'est alors que l'un des alpinistes explique aux terroristes qu'Hervé n'était pas un Algérien mais un invité d'origine française. «Ils nous ont dit alors : nous, nous ne touchons pas aux civils. Ils nous ont ensuite libérés». Le soulagement des montagnards et du Français était de courte durée. Quelques secondes après, ils se font rattraper par le groupe terroriste. «Quand ils nous ont arrêtés. Ils ne savaient pas ce qu'ils allaient faire de nous. Ils ne savaient pas s'ils allaient prendre Hervé avec eux. Ils n'arrêtaient pas de passer des appels. Je ne savais pas à qui mais à 21h30, ils ont décidé de prendre Hervé», raconte encore Hamza. Les hommes qui se revendiquaient Djound El Khilafa, enlèvent Hervé Gourdel et prennent le chemin des maquis. Ce fut la dernière fois que le Niçois avait été aperçu par ses accompagnateurs. «Il (Hervé Gourdel) a jeté un coup d'œil, il nous a regardé. Nous, nous n'avons rien compris», poursuit Hamza. Le regard dans le vide, il ajoute : «Nous avons essayé de protester en disant : pourquoi vous le prenez ?». «On va lui poser des questions, et il va revenir, pas de problème», ont répondu les terroristes, témoigne Hamza, avant de préciser : «On a pensé que c'était vrai.» Hamza et ses amis n'ont plus eu de nouvelles de leur ami le Français jusqu'au jour où les terroristes diffusent une vidéo dans laquelle ils annoncent sa décapitation, trois jours après son enlèvement, soit le 24 septembre 2014, et ce, après avoir demandé au président français, François Hollande, de ne pas intervenir en Irak. Son corps sera retrouvé le 15 janvier de l'année en cours par les éléments de l'ANP.