À l'origine de cette localisation, un terroriste capturé vivant, mardi, par les forces de l'ANP. Les forces de sécurité ont, enfin, découvert, jeudi, le corps, recherché depuis plus de trois mois, de l'alpiniste français Hervé Gourdel, enlevé puis décapité, vers la fin du mois de septembre dernier, par un groupe terroriste baptisé Djound El-Khilafa, qui se réclamait de l'Etat islamique, Daech. Contre toute attente, c'est loin, même très loin du lieu de l'enlèvement du guide de montagne niçois, le 21 septembre dernier, que l'endroit de son enterrement a été localisé. Le corps a été déterré, jeudi, vers 10h, dans une zone à cheval sur les deux communes d'Akbil, à hauteur du village Aït Sellane, et d'Abi Youssef, à hauteur du village Takhlidjt, traversé par un oued. L'endroit se situe à plus d'une vingtaine de kilomètres des hauteurs des Aït Ouabane où Gourdel a été enlevé par le groupe alors dirigé par le sinistre Gouri Abdelmalek, abattu le 23 décembre dernier aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès. C'est au terme d'une opération de recherches déclenchée dans la matinée de mercredi, par les forces combinées de l'armée, de la gendarmerie et de la police que le corps, en décomposition et sans tête, a été retrouvé 24 heures plus tard. À l'origine de cette localisation, un terroriste du groupe de Djound El-Khilafa capturé vivant, mardi, dans la soirée, par les forces de l'ANP. Annoncé initialement comme abattu à Ouacifs, Abdelmalek Hemzaoui, ce terroriste originaire de Beni Amrane, dans la wilaya de Boumerdès, a été blessé à la jambe au cours d'une embuscade tendue par les militaires, samedi dernier à la mi-journée, près du village Aït Saâda, dans la commune de Yattafen. Son acolyte a été abattu alors que lui réussissait à s'enfuir. Après quatre jours de traque, les militaires ont fini par le capturer. Pour les services de sécurité qui savaient qu'il pouvait être la clé pour retrouver le corps de Gourdel, il n'était pas question de lâcher prise. C'est, en effet, grâce aux renseignements soutirés à ce terroriste que l'ANP a pu localiser, depuis mercredi à la mi-journée, le lieu où a été enterré l'alpiniste français. Les troupes avançaient, toutefois, lentement. Selon des sources sécuritaires, le terrain était miné. Un important dispositif militaire appuyé par des démineurs, des équipes de gendarmerie qui utilisaient des chiens pisteurs, des éléments de la BMPJ et de la Police scientifique a été déployé pour parvenir jusqu'à l'endroit en question. Même le terroriste capturé a été conduit sur place. Le corps déterré, une équipe du laboratoire de l'Institut de criminologie de la gendarmerie se rend sur place, accompagnée d'un juge d'instruction et d'un représentant du parquet, pour récupérer le corps et le soumettre aux tests ADN. Selon des sources sécuritaires locales, si la recherche du corps prend donc fin et que les siens pourront faire leur deuil, la traque des éléments du Daech se poursuivra jusqu'à leur élimination. Pour rappel, Abdelmalek Hemzaoui, cet ancien des GIA, est le 8e islamiste armé à être neutralisé parmi les membres du groupe des 21 terroristes de Djound El-Khilafa pourchassés depuis la décapitation de Gourdel, le 23 septembre dernier. En octobre dernier, les forces de l'ANP, appuyées par ses unités d'élite totalisant ainsi 3 000 soldats, avaient passé au peigne fin tout le vaste massif du Djurdjura. Deux sites qui ont abrité les acolytes de Abdelmalek Gouri, le chef de Daech, ont été détruits. Des munitions, du matériel de communication, d'importantes quantités d'explosifs et des effets appartenant au touriste français ont été récupérés. Le corps était resté, quant à lui, introuvable jusqu'à jeudi dernier. Mais à sa découverte, le lieu de son enterrement suscite une nouvelle interrogation : le corps de Gourdel a-t-il été transporté après sa décapitation sur une distance aussi longue dans une région que l'on disait placée sous haute surveillance militaire ? Où bien a-t-il été conduit vivant et exécuté à l'endroit où son corps a été retrouvé ? Les deux cas de figure renseignent clairement sur la facilité qu'ont les groupes terroristes à se déplacer en Kabylie. S. L.