Pendant que la météo annonçait un temps froid et sans soleil pour les jours à venir sur l'Est et le Centre, l'Union des associations des commerçants et artisans d'Oran se félicitait de la «réussite» de la journée sans pain organisée jeudi passé dans toutes les wilayas de l'ouest du pays et apparemment «très largement» suivie. On a les «sans» qu'on peut et parfois qu'on veut. Les boulangers n'ont manifestement pas entendu la pathétique et péremptoire sentence du ministre du Commerce qui avait déclaré quelques jours auparavant que le prix de la baguette n'augmentera pas… en 2013. Ils ne l'ont même pas entendu quand il les rassurait sur certaines de leurs revendications qui allaient être prises en charge, l'augmentation de la marge bénéficiaire essentiellement. La colère des fabricants de pain étant «nationale», il est encore heureux que le débrayage soit limité à une journée et circonscrit à l'ouest du pays. Sinon, on aurait eu droit à plusieurs journées et nuits de froid sans pain : le pire pour beaucoup d'Algériens aux toits mal chauffés et à la nourriture essentiellement constituée de croûtons et de mie. Ne jubilons pas pour autant, les boulangers des autres points cardinaux n'ont pas encore dit leur dernier mot sur la question. Le ministre du Commerce, lui, n'a encore rien dit de précis, puisque c'est à l'humanité algérienne qui n'exerce pas dans le pétrin, même si elle y est en plein dedans, que M. Benbada s'est adressé pour la rassurer que la baguette restera à… 10 DA, même si son prix est «officiellement» de 8,50 DA ! Ce n'est tout de même pas la faute à… l'Etat, encore moins au ministre du Commerce si la pièce de 50 centimes a complètement disparu de la circulation ! Et comme il faut être prévoyant, on a eu la géniale idée d'anticiper sur la fin de la pièce d'un dinar, elle aussi en voie de disparition. Avouons tout de même que nous sommes à l'orée d'une performance inédite dans l'histoire universelle avec la fin de l'unité-symbole de notre monnaie nationale ! Et à la vitesse où va l'inflation, les autres pièces et prochainement les billets vont suivre, jusqu'à disparition pure et simple du dinar. Il y a même des pièces qui ont disparu avant que la majorité des Algériens ne les connaissent, comme celle de 200 dinars. En attendant qu'elle n'ait plus cours en raison de sa valeur qui, bientôt, ne pourra rien acheter, il paraît qu'on est en train de la retirer en raison de son esthétique de boucher et de sa ressemblance troublante avec celle de… 20 dinars. Il paraît que beaucoup de monde les confond mais pas de la même manière. Il y a quand même une sacrée différence entre ceux qui donnent une pièce de 200 en pensant qu'elle est de 20 et les commerçants que le scrupule «n'étrangle pas», qui les encaissent en divisant leur valeur par dix. La météo et les boulangers peuvent s'y mettre en même temps mais tout le monde n'aura pas froid en même temps. Il y en a qui vont sortir leur véhicules tout-terrains pour de frimeuses virées sur la poudreuse et d'autres qui vont chercher une baguette et une bouteille de butane problématiques. Il fait froid et les fayots ne sont plus le repas du pauvre. A 200 DA le kilo, ils deviennent un luxe et l'épicier ne confond jamais les pièces. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.