Constat n Si la pièce de cinquante centimes a quasiment disparu depuis quelques années, celles de un ou deux dinars sont, semble-t-il, en voie de disparition. S'il est vrai que ces pièces ne servent à rien aujourd'hui car elles n'ont aucune valeur, cette situation arrange plutôt les commerçants. Dans les kiosques multiservices, les bureaux de tabac, ou les magasins d'alimentation générale, le citoyen se trouve contraint de payer un…chiffre rond. Les commerçants les plus honnêtes proposent des chewing-gums ou des bonbons en guise de monnaie. «Même les clients ne demandent plus la monnaie lorsqu'il s'agit d'un ou deux dinars. Ils ont pris conscience de l'inexistence de ces pièces. Pour ne pas prendre ce qui n'est pas de mon droit, je leur offre des bonbons, tout en s'excusant de ne pas avoir de monnaie», témoigne le propriétaire d'un commerce d'alimentation générale à la rue Pasteur (Alger-centre). Un autre commerçant à la rue Hassiba-Ben-Bouali est, quant à lui, très reconnaissant aux mendiants ! «J'obtiens la petite monnaie grâce aux mendiants qui viennent en fin de journée convertir ce qu'ils ont gagné en billets. Parfois, je leur en donne un peu pour qu'ils me restent fidèles. Certains clients insistent à payer les produits à leur juste valeur, réclamant la monnaie. En leur expliquant que ce n'est pas ma faute si je n'en ai pas, ils laissent ce qu'ils désiraient acheter et changent de magasins», affirme notre interlocuteur. Dans certains cas, le citoyen perd des sommes importantes en raison de cette situation. L'exemple du pain est on ne peut plus édifiant à cet effet. Le prix de la baguette est 7,5 DA, mais les citoyens la payent 10 DA. Le hic est que lorsque les boulangers avaient annoncé de porter le prix «officiellement» à 10 DA, plusieurs associations de protection des consommateurs avaient exprimé leur colère. «Pour payer la baguette à 7,5 Da, il faut en acheter au moins une dizaine. Dans ce cas-là le client paye 75 DA, et même s'il donne 100 ou 200 DA, nous pouvons lui rendre la monnaie», explique Mourad, vendeur dans une boulangerie à la rue de Tanger. Les boulangers font des gains considérables grâce à cette «importante» marge entre le prix légal et celui pratiqué réellement. Les pharmaciens tirent, eux aussi, des gains importants. Ils n'ont, dans la plupart des cas, que des pièces de dix dinars comme monnaie. Et les malades n'ont d'autre choix que de dire : «Gardez la monnaie». C'est dire combien la disparition des pièces porte préjudice aux simples citoyens mais fait le bonheur des commerçants. Comme pour le problème du manque de liquidités et les billets usagés, les promesses concernant la mise sur le marché de quantités suffisantes de petites pièces n'ont pas manqué. Mais la concrétisation tarde à voir le jour…