Un policier en civil B. C. B. G. a eu l'occassion d'emballer la placide Derbouchi autour de..., excusez du peu, cette histoire de témoignage forcé qui a donné naissance à un chapelet d'historiettes pâles. Un policier qui a voulu jouer à la générosité de proximité a des ennuis pour avoir approché un justiciable lequel lui avait enjoint de l'aider à témoigner dans une affaire louche. Saloua Derbouchi, la juge, écoute la victime. «Dans cette histoire, ses propres proches ont témoigné en ma faveur devant le juge d'instruction. Il a juré de m'envoyer en taule. Il a écrit vingt plaintes à la DGSN jusqu'à ce que je prenne la résolution de demander une mutation. Après quoi, il est allé crier sur tous les toits que c'est lui qui est derrière ma mutation. Le monde a changé, la peur a changé de camp. Ce sont les policiers qui maintenant ont peur d'exercer dans le cadre de la loi.» Je vous assure, madame la présidente que le jour où je me suis approché de cette affaire de proximité, je n'avais aucune idée sur le calvaire que j'allais endurer. Ce problème est familial. C'est un contentieux qui peut aller jusqu'à la prochaine génération : et moi dans tout cela, est-ce que je mérite tant de supplices ?, s'est interrogé le policier victime de déclarations mensongères, fait prévu et puni par l'article 223 du code pénal que décortiquera - opportunité des poursuites oblige - Mohamed Hellal, le représentant du ministère public qui est là sur le pupitre, ayant l'oeil à tout et sur tous, appréciant les énergiques interventions des avocats. «Pourquoi bon sang ne pas discuter, écouter l'autre au lieu de vous chamailler autour de bribes», s'exclamera-t-il plus tard depuis le siège du parquet. Il est vrai que ce genre de pratique s'est généralisé depuis 1988, c'est-à-dire depuis - ô comble de l'ironie - l'entrée de notre pays dans «l'Océan Démocratie». La présidente de la section correctionnelle du tribunal de bir Mourad Raïs (cour d'Alger) avec un large sourire va lâcher : «Oui, oui, le tribunal est en train de vous écouter avec étonnement !» Des rires éclatent dans la salle d'audience. Tous ont ri ou souri sauf l'inculpé, un quadra dont le visage porte une barbe, collier qui le vieillit et laisse penser que c'est plutôt lui la victime. Mais la victime du jour, flanquée de son conseil maître Gaouar ne va marquer qu'un «stop» avant de s'engouffrer dans la «trémie-plaintes». Le bonhomme, un homme de la police judiciaire semble se plaindre beaucoup plus pour avoir la paix que pour réclamer une quelconque sanction. Il deviendra plus beau lorsqu'il abordera le côté «harcèlements» au pluriel, tient à affirmer le policier qui, de temps en temps, semble hésiter à placer une expression qui pourrait ne pas convenir à la magistrate du jour, pas facile à manier losqu'elle se fait un sang d'encre de Chine devant un rôle pas possible. L'inculpé lui, avec une voix plus proche d'un «émirati» que d'un «hydraoui» va lancer une longue phrase que nous vous livrons en vrac ! «Le tribunal doit savoir que ce monsieur ne veut pas emprunter la voie du salut et de la paix». Hellal le procureur agacé, ce beau samedi, requiert entre ses grosses machoires une peine de prison ferme, que Saloua Makhloufi Derbouchi, la présidente transcrit en trois secondes avant de décider la mise en examen de ce drôle de dossier qui pousse la magistrate à mieux reculer pour bien sauter la «haie de l'erreur de jugement» et toute la pluie d'ennuis qui peuvent survenir.