Le pôle judiciaire spécialisé d'Oran s'est saisi de l'affaire de dilapidation de deniers publics, fraude fiscale, transferts illicites de devises vers l'étranger et blanchiment d'argent, avons-nous appris de sources sûres. Cette affaire dans laquelle sont impliqués 17 individus pourrait connaître de nouveaux développements puisque les enquêteurs évoquent une véritable arnaque au détriment du Trésor public, dans laquelle est mêlé directement un haut responsable de l'agence nationale de développement de l'investissement (ANDI). En effet, la finalité de cette filouterie consistait en le transfert vers l'étranger d'un montant de 124 millions d'euros, basé sur la surfacturation de produits importés de l'étranger pour la réalisation d'une usine de recyclage de déchets ferreux et non ferreux. Ce projet-mirage, devait, selon l'étude présentée à l'ANDI pour bénéficier de facilités bancaires, créer près de 500 emplois directs, et était piloté par deux ex-exportateurs de produits ferreux connus à Oran et qui avaient eu, selon de nombreuses sources, plusieurs démêlés avec la justice. Pour donner du crédit à cette œuvre, des entreprises fictives ou avec des prête-noms ont été constituées. Ce sont plus d'une dizaine d'Eurl, spécialisées dans le recyclage de ferraille, qui ont vu le jour ces derniers mois dans la capitale de l'Ouest. La seconde phase de ce vaste projet consistait en l'accès aux crédits bancaires pour financer des opérations d'importation de machines-outils pour équiper les unités de recyclage. Et cette mission fut facilitée par des responsables d'agences bancaires privées et publiques. Ainsi, nos sources indiquent que le directeur de l'agence BEA (901), celui d'une agence BDL, un responsable d'Algerian Gulf banking et la directrice des opérations au niveau de la direction régionale de la Société Générale sont directement mis en cause dans ce vaste trafic. Les gendarmes qui ont enquêté, depuis une année sur cette affaire ont également interpellé, en plus des responsables des Eurl citées dans l'affaire et des responsables de banques, deux transitaires installés au port d'Oran. Lors de leurs investigations, les enquêteurs ont fouillé une cinquantaine de containers parqués au niveau des quais du port d'Oran. Ils en ont également perquisitionné une dizaine, dans des dépôts au niveau d'Oran. Et leur surprise fut grande quand ils ont découvert que les produits importés n'étaient pas conformes aux factures pro-forma établies ni aux déclarations en douane. L'affaire a permis à ce jour de quantifier le montant des transferts d'argent effectués vers l'étranger et qui s'élèverait selon une première estimation à 26 millions d'euros. Toutefois les enquêteurs avancent le chiffre de 124 millions d'euros que ces opérations devaient transférer vers des banques installées à l'étranger. Des sources parlent d'un véritable scandale qui pourrait encore éclabousser d'autres personnes et d'autres responsables installés à différents niveaux de la chaîne du commerce extérieur. Le magistrat instructeur près le pôle spécialisé d'Oran a écroué deux importateurs et placés six autres individus sous contrôle judiciaire, alors que le reste des mis en cause a bénéficié de la liberté provisoire. Nos sources ont indiqué que les procédures pour lancer des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de trois autres mis en cause dans cette affaire qui n'en est qu'à ses premières révélations sont en cours.