C'est un magnifique roman au titre singulier La mendiante que nous livre Ali Lahrech pour ses prémices littéraires. Ce récit est un hymne à l'amour, à la nature et à la tolérance. Dans cette longue élégie lyrique, Ali Lahrech sublime les valeurs universelles tout en mettant en évidence que seuls les sentiments sont vrais et pérennes. L'auteur met sur un piédestal les sentiments amoureux pour montrer qu'ils peuvent transcender toutes autres considérations dans ce monde bassement matériel. Dans ce roman, Ali Lahrech raconte par petites touches successives, comme celles des pinceaux des impressionnistes, la saga triste et mouvementée de Maria. Cette jeune fille vivant avec insouciance, musicologue de son état, se trouve du jour au lendemain kidnappée suite à l'assassinat de son père par les terroristes dans une Algérie meurtrie. Violentée et violée, elle subit toutes les humiliations dans ce maquis. Après une fugue bien orchestrée, elle est recueillie par son oncle paternel mais la malchance semble la poursuivre et après un second viol de la part de son cousin à la vie débridée, elle fuit ce nid douillet pour se retrouver à la rue mendiant avec son fils Islam né de cette agression. Chaque jour de cette vie d'errance, elle mendie tout en noircissant les pages de son calepin ce qui intrigua fortement Khalil le gardien du phare. Ce dernier qui voue à la mer un amour incommensurable a été piqué par les flèches de Cupidon. Il passe un deal avec elle pour lire ce calepin et s'ensuit une histoire d'amour. Contrariée par un impair de la part de Khalil, leur amour n'a pas de suite. Ce qui entraîna Khalil dans un état de désespoir qui le mène à chercher Maria de nouveau en fugue. L'originalité et la sagacité de l'auteur résident dans le fait qu'il peint une fresque en rapport avec la période de la décennie noire sans verser dans l'horreur ni s'en trop s'attarder sur les faits et événements macabres. Tout au long du roman, il poursuit sa peinture du personnage central avec intensité et vigueur axant sur ses valeurs morales et celles du cœur. Ali Lahrech a construit une œuvre littéraire exigeante d'une grande tonalité. Portée par une langue habile et bien maîtrisée, son récit valorise l'amour. Des sentiments pour se surpasser S'écartant des sentiers battus, cette histoire amoureuse sur fond de la décennie noire rappelle que l'amour permet à l'homme de garder sa part d'humanité et d'être meilleur. L'auteur consacré Yasmina Khadra n'a-t-il pas dit à bon escient «il n'y a que dans l'amour où nous sommes bons, beaux et meilleurs». Psychiatre, l'écrivain qui connaît la résonance et la portée de l'amour dans la vie d'un individu le préconise comme remède. Ali Lahrech semble faire sienne cette citation de Virgile «L'amour triomphe de tout». Cet ouvrage est à lire vivement, particulièrement par les jeunes qui doivent comprendre la portée des sentiments par lesquels on peut se surpasser.