Inauguré il y a trois jours par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le jardin d'Essais, l'un des plus beaux parcs botaniques au monde, a drainé un monde fou hier. Après quatre ans de fermeture pour travaux, cet espace paradisiaque, qui constitue une véritable bouffée d'oxygène pour les Algérois, doit sa survie aux nombreux écologistes qui ont démonté les rumeurs selon lesquelles des rejets de saumure de la station de dessalement réalisée en face menaçaient sa nappe phréatique. Hier, après des travaux de réhabilitation, ce jardin luxuriant semblait ouvrir grand ses bras pour accueillir les innombrables visiteurs qui n'attendaient que son ouverture. Regroupant des espèces botaniques très rares et plus de 300 espèces d'animaux ramenées des cinq continents, ce jardin a retrouvé son éclat d'antan. Les visiteurs semblent pourtant plus curieux de la partie réservée aux animaux que par l'aspect botanique, à voir la longue chaîne en attente devant l'entrée du zoo. Les enfants n'en croyaient pas leurs yeux : tous les héros de leurs dessins animés préférés sont là, devant eux : le zèbre, la gazelle, les perruches, le crocodile, le kangourou… Ils jettent des miettes aux singes, bien que ce soit formellement interdit. D'ailleurs, le plus jeune des agents de sécurité n'arrête pas de leur expliquer que les singes ne mangent pas de pain, et que cela pourrait même s'avérer mauvais pour eux. Cet espace doit absolument être protégé des petits et même des grands, peut-être inconscients des préjudices qu'ils peuvent lui causer, piétinant le gazon, s'asseyant n'importe où, malgré l'interdiction des gardiens. Le responsable de la sécurité nous explique que son staff a reçu une formation de 6 mois, axée spécialement sur la maîtrise du contrôle avec les visiteurs. Il faut dire que le manque de civisme est déjà flagrant, mais que ne faut-il pas faire pour préserver ce paradis ? Situé dans le quartier du Hamma à Alger, ce jardin luxuriant datant de 1832, véritable joyau écologique, s'étend sur une superficie de 32 hectares, comprenant 3000 espèces d'essences végétales. De nombreuses espèces végétales y furent introduites de 1842 à 1867, comme par exemple les araucarias plantés en 1844, l'allée des platanes et l'allée des palmiers en 1845, l'allée des bambous géants, l'allée des dragonniers en 1847 et celle des grands ficus en 1863. A cette époque, le jardin d'Essais avait manifesté son activité dans tous les domaines de l'agriculture et de l'horticulture, devenant un jardin botanique de renommée mondiale. En 1860, le lac fut creusé et le boulevard extérieur réalisé. En 1900, le jardin zoologique est créé par le Dr d'Ange. En 1914, des travaux d'embellissement, selon un projet présenté par les architectes Régnier et Guyon, furent entrepris. On leur doit la perspective du Jardin français qui s'étend du musée des Beaux-Arts à la rue Hassiba Ben Bouali en cinq plans successifs sur une longueur de 500 mètres totalisant 7 hectares de superficie. En 1918, on implanta dans l'enceinte du jardin l'Ecole d'horticulture et l'Ecole ménagère agricole. En 1942, les alliés occupèrent le jardin qui fut éprouvé par les bombardements de 1943, mais à la fin de la guerre, il fut remis en état. Aujourd'hui, réhabilité depuis peu, il abrite les locaux de l'Institut national de recherche agronomique. Il n'est pas seulement un centre de production botanique ou horticole, mais aussi un centre d'enseignement et un lieu de promenade fort apprécié des Algérois.