La situation est loin d'être apaisée à Ferguson (Missouri). Les policiers ont une nouvelle fois dû faire usage de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants lundi soir. Un premier bilan officiel fait état de deux blessés par balle et de 31 arrestations. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène mais aussi de grenades assourdissantes pour disperser des manifestants à Ferguson, toujours en proie à des émeutes depuis qu'un policier a abattu un jeune Noir atteint par au moins six balles. Vers 9h30 (heure française), le responsable de la police de Ferguson, Ron Johnson, a tenu un point de presse dans la rue, avec devant lui, disposés sur une table quelques-uns des projectiles utilisés par les manifestants pendant la nuit dont un cocktail molotov et deux armes à feu. A cette occasion, il a confirmé l'arrestation de nombreuses personnes. Concernant le bilan de la nuit, Ron Johnson a indiqué que 31 personnes avaient été arrêtées et qu'au final, deux avaient été blessées par balles. Dans le même temps, a-t-il souligné, les policiers ont été la cible de jets de pierres et de bouteilles. Des policiers lourdement équipés, souvent d'armes de guerre, ont été mobilisés face à des manifestants pacifiques. Ce qui a exacerbé les tensions plutôt que de les apaiser. Un photographe de l'agence Getty Images a été brièvement détenu par la police lundi soir. Les agents, en équipement anti-émeute, encadrés par un véhicule blindé du SWAT et un hélicoptère, ont ordonné à plusieurs reprises aux personnes rassemblées de se disperser. Ils ont ensuite tiré des grenades de gaz lacrymogène peu après 23h00 locales (04h00 GMT mardi), provoquant la dispersion de la foule - moins nombreuse que celle qui avait affronté la police dimanche. Dans ce climat de fébrilité, le président américain Barack Obama, briefé par son ministre de la Justice Eric Holder lundi après-midi, a dit avoir recommandé au gouverneur une utilisation «limitée» de cette force. «Je surveillerai dans les jours qui viennent qu'elle aide, plutôt qu'elle n'aggrave la situation», a-t-il prévenu, ajoutant qu'Eric Holder se rendrait sur place. Le président a réitéré son appel à la «retenue», estimant que rien n'excusait «l'utilisation de la force excessive par la police». Par ailleurs, un porte-parole du procureur du comté de Saint-Louis a indiqué à des médias qu'un grand jury, chargé de décider s'il y a lieu de poursuivre le policier, devrait étudier l'affaire hier. Car pour l'heure, le policier incriminé n'a pas été poursuivi, ce qui alimente les manifestations et indigne de nombreux Américains. Anonymes ou plus célèbres comme l'actrice Mia Farrow qui souligne ce mardi matin sur twitter «l'ironie» de la situation, puisque «des manifestants pacifiques sont arrêtés» alors que «le tireur reste libre».