Dans son second roman, "Sierra De Muerte" (Les montagnes de la mort), l'écrivain algérien Abdelouheb Aïssaoui aborde un épisode peu connu de la colonisation française en Algérie en racontant le destin de communistes espagnols internés dans un camp à Djelfa dans les années 1930. Dans ce livre en langue arabe, le romancier invite le lecteur à découvrir l'univers des prisonniers dans l'Algérie sous le régime de Vichy, à travers l'histoire du principal narrateur, Manuel, interné dans le camp d' "Aïn A'srar". Des milliers de militants communistes de différentes nationalités européennes ont été enfermés dans ce camps après la défaite des Républicains lors de la guerre civile en Espagne (1936-1939), notamment le poète espagnol Max Aub et le penseur et homme politique français Roger Garaudy. Ce roman qui met en scène des prisonniers, exploités par leurs geôliers, déprimés et déçus par la trahison de la France vichyste après leur défaite en Espagne, s'ouvre sur le dialogue entre Manuel et Pablo, un codétenu chargé comme lui de déblayer la neige sur la voie ferrée de Djelfa. Le lecteur va apprendre lors de cet entretien l'existence de la "Sierra De Muerte", un lieu fictif imaginé par l'auteur, et qui ne cessera d'occuper les pensées du héros tout au long du roman. En plus d'aborder les relations entre les prisonniers et les habitants de Djelfa, faites de trafics en tous genres, l'écrivain confère à son roman une forte dimension philosophique et existentielle. Cette dernière est illustrée par la confrontation indirecte entre Korski, un juif polonais attiré par l'Islam et Manuel qui est athée. Avec des monologues et des dialogues bien menés, une attention particulière accordée aux souffrances et aux rêves des prisonniers, un questionnement politique et philosophique très présent, Abdelouaheb Aïssaoui réussit à proposer une œuvre originale et une fiction inspirée par des faits historiques des plus réussies. Avec ce roman historique, l'auteur se distingue des thèmes abordés par les autres écrivains de sa génération. Auteur remarqué sur la scène littéraire algérienne, Abdelouaheb Aïssaoui avait remporté en 2012 le "Prix Ali-Maâchi pour les jeunes créateurs" pour "Cinéma Jacob" son précèdent roman.