C'est l'une des règles que doivent observer les médecins, d'ailleurs ils en feront le serment lors de la fin des études avant la vie professionnelle. Autour de ce thème se sont réunis des médecins des wilayas de Blida, de Tipaza, de Médéa et de Djelfa. Ils ont fait concession de leur journée de repos, celle de jeudi, pour se rendre à l'école paramédicale de Djelfa, à l'invitation du bureau régional du conseil de déontologie médicale. Neuf exposés et conférences ont été animés par des professionnels. Pour une fois, les correspondants de presse ont tenu à assister à toutes les interventions, une formation supplémentaire, ce qui leur permettra de mieux appréhender ce sujet à l'avenir. Avant d'entreprendre les débats autour de la déontologie, la première communication du Dr Benkortbi fut celle du rappel du principe du secret médical qui fait partie des traditions médicales les plus anciennes et universelles. Au médecin, Hippocrate et les médecins arabes conseillaient de garder le silence et d'observer la prudence dans ses propos. Le respect de principe confortera la base de la relation entre le médecin et le malade : la confiance. Sans cette confiance, le malade, dira le premier intervenant, ne peut s'exprimer sur les maux dont il souffre et son soignant ne peut être suffisamment informé pour offrir les soins les plus diligents. Donc le secret médical est une obligation destinée à sauvegarder la santé des personnes qui peuvent se confier à un médecin sans que leur maladie ne soit dévoilée. Quant à l'évolution de la notion du secret médical, l'animateur développera avec brio et pédagogie qu'elle s'est adaptée aux époques, aux cultures et aux nécessités de la santé publique. Qu'elle apparaît au premier abord d'une extrême simplicité d'une part et que dans la réalité elle est moins simple et que les frontières du secret sont souvent difficiles à définir. D'ailleurs, il ajoutera pour étayer ce qu'il avançait, que l'article 301 alinéa 1 du code pénal sanctionne la violation du secret professionnel mais ne le définit pas. Il reviendra enfin sur les codes de déontologie qui font tous référence au secret professionnel qui s'impose aux professionnels de la santé mais aucun n'en donne la définition. La seule référence juridique qu'évoquera l'intervenant est le décret exécutif n°92/276 du 06/07/1992 portant code de déontologie médicale qui en fait sa base sur le secret professionnel. De la pratique illégale de la médecine et du mutisme de la société Le docteur Belatra, du bureau régional du conseil de déontologie médicale a, le long de son intervention très crue, interpellé ses confrères sur certaines pratiques illégales de la médecine et surtout sur le mutisme parfois complice de la corporation. Sa communication était intitulée «L'exercice illégal de la médecine et les interdits dans sa pratique». Il posera une question : qu'est-ce que l'exercice illégal de la médecine ? Il répondra : Il est constitué lorsqu'une personne non titulaire d'un diplôme médical établit un diagnostic et/ou préconise ou applique un traitement et laisse croire en une guérison. Partant de cette réponse unanimement admise pour développer son intervention en apportant à chaque fois de l'eau à son moulin, il dira qu'il peut s'agir de professionnels de la santé qui dépassent les limites de leurs compétences et activités, infirmiers, sages-femmes, chirurgiens dentistes, pharmaciens, professionnels de la beauté, esthéticiennes, usurpateurs de titres ou personnes qui se prétendent faussement être médecin, guérisseurs, herboristes, magnétiseurs... dans le cadre des médecines dites parallèles. Il n'oubliera pas d'évoquer les dérives occasionnelles des professionnels de la médecine : «La plupart des professionnels de la santé peuvent être impliqués occasionnellement dans un exercice illégal de la médecine lorsqu'ils dépassent leurs compétences et pratiquent des actes réservés aux médecins» pour ensuite relever les dépassements chez les infirmiers : «L'infirmier qui sort de sa compétence tombe sous le coup de l'incrimination d'exercice illégal de la médecine. Il doit donc se limiter à l'application des prescriptions médicales et les protocoles établis par le médecin. Ainsi, l'infirmier, en application d'une prescription, peut procéder à des injections, des perfusions, des pansements, des transports sanitaires.» Il rappellera qu'il ne faut pas fermer la porte à ce corps de métier car en cas d'urgence et en l'absence de médecin, l'infirmier peut mettre en œuvre des protocoles de soins d'urgence préalablement écrits, datés et signés par le médecin. Il conclura à ce sujet par poser une nouvelle question : «Alors quand est-ce que nous condamnons les infirmiers qui auscultent et délivrent des ordonnances servies par nos pharmaciens ? Il n'oubliera pas les opticiens lunetiers et les pharmaciens et s'attaquera aux sujets qui fâchent certains de ses confrères, il posera une série de questions aussi pertinentes les unes que les autres : Combien y a-t-il de cabinets médicaux et clandestins ? Combien de médecins remplacent leurs confrères privés sans respecter les textes de lois en vigueur ? Combien de médecins étrangers exercent dans des cliniques privées sans qu'ils soient autorisés ? Le médecin est-il dans l'illégalité quand il pratique des prières ou des scarifications considérées comme des actes de foi, faites pour invoquer la guérison ? Pour enfin poser une question de moralité, de civisme et de civilité, il dira alors : pourquoi cette impunité de ceux qui pratiquent la médecine foraine ? Des pseudotraumatologues des villages ? Des scarificateurs ? De l'herboriste de Blida qui détourne les cancéreux en détresse du CAC de Blida. Il citera un exemple concret, celui de la «suspension du dentiste maître assistant du CHU de Sétif qui exerçait de façon illégale la chirurgie dentaire dans son cabinet sans avoir l'autorisation d'installation en privé», il formulera un vœu «pour qu'aucun médecin ne soit accusé d'exercice illégal de la médecine».