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«La France persiste à entretenir l'ambiguïté sur ses massacres en Algérie» Le président de la Fondation du 8 Mai-1945 à la veille du 70e anniversaire des massacres :
Le président de la Fondation du 8-Mai 1945, Abdelhamid Selakdji, estime que la France persiste à entretenir «l'ambiguïté» dans sa position concernant les massacres du 8 Mai 1945, considérant que les quelques visites d'officiels français sur les lieux des crimes coloniaux «ne peuvent constituer, à elles seules, des pas vers la reconnaissance tant revendiquée par les Algériens». M. Selakdji a relevé qu'«il existe en France un lobby néocolonialiste qui pèse lourdement sur la sphère politique française et qui veut s'imposer pour défendre les intérêts de la France dans les pays conquis par l'ancienne puissance coloniale». A la veille de la commémoration du 70e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, le président de la Fondation considère que le silence autour de ces massacres à Sétif, Guelma et Kherrata a trop duré, expliquant que la France hésite à demander officiellement pardon au peuple algérien qui a subi les souffrances les plus atroces durant l'ère coloniale. Il a indiqué que «la répression avait causé 45 000 victimes, mais certaines parties de l'autre côté de la Méditerranée tentent de faire croire qu'il ne s'agissait que de 1500, puis 8000 et 30 000 victimes». Revenant sur la dernière visite en Algérie du secrétaire d'Etat français aux Anciens combattants, Jean-Marc Todescini, qui s'est rendu à Sétif, le président de la Fondation affirme «ne pas croire» en ce genre d'initiatives, car, précise-t-il, «nous en avons déjà fait l'expérience» lors des visites effectuées par les anciens ambassadeurs à Alger, Collin de la Verdière et Bernard Bajolet. «Ils avaient tous deux reconnu que ce qui s'était passé dans cette région est inexcusable. Cela reste très insuffisant, de même que les déclarations du président François Hollande en Algérie en décembre 2012, qui relèvent du discours politique afin d'obtenir des avantages et des contrats sur le marché algérien», ajoute le président de la Fondation. «Il faut faire un geste qui symbolise l'avancée vers la reconnaissance» M. Selakdji note que la France doit faire «un geste qui symbolisera l'avancée vers la reconnaissance», proposant aux groupes de Français qui ont émis le vœu de participer aux festivités commémoratives de «venir d'abord se recueillir à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale dans les cimetières et les centaines de fosses communes». M. Selakdji réitère par ailleurs les revendications de sa Fondation, citant entre autres «l'attribution du statut de martyr à toutes les victimes de la guerre d'Algérie depuis 1880 jusqu'à l'indépendance, la signature et l'adhésion par l'Algérie du Traité de Rome afin de pouvoir poursuivre les auteurs des crimes de guerre et l'intégration au Tribunal pénal international, ainsi que l'introduction dans la législation algérienne d'un texte condamnant ces crimes et les crimes contre l'humanité». S'appuyant sur les écrits d'historiens d'outre-mer, M. Selakdji avance que le colonialisme a engendré, «depuis l'Emir Abdelkader et jusqu'à 1962, près de 7,5 millions de chouhada, décimé 8000 villages et hameaux et confisqué près de 80 000 tonnes d'archives propres à l'Algérie». «Nous subissons toujours les séquelles du colonialisme, et les conséquences des essais nucléaires dans le Sahara sont là pour le confirmer», a-t-il regretté. Il cite, dans ce sens, les mines antipersonnel semées à travers le pays et les produits chimiques qui continuent de faire des victimes malgré les efforts de l'Armée nationale populaire. «Les autorités françaises ont miné l'Algérie en semant des millions de mines, et les conditions climatiques ont fait que leur cartographie change, et les stocks des produits chimiques engendrent, à ce jour, une pollution microscopique», selon M. Selakdji. «Nous demandons à la France une indemnisation qui consiste à former des spécialistes en dépollution», explique-t-il. Il s'agit, selon lui, de formation de spécialistes en nucléaire et en sécurité technologique, ce qui permettra de prendre en charge ce «legs empoisonné», et lever «le secret militaire» en communiquant les informations sur les lieux où sont enfouis les déchets nucléaires. Criminaliser la période coloniale Tout en reconnaissant l'existence de difficultés et tout particulièrement des «sensibilités politiques», le président de la Fondation du 8 Mai 1945 plaide pour l'adoption d'un texte de loi criminalisant la période coloniale. «Toutefois, cela n'a absolument rien à voir avec la France d'aujourd'hui. Cela relève de l'histoire et doit être inscrit en préambule et dans l'exposé des motifs», précise M. Selakdji. Le président de la Fondation conclut en appelant le ministère des Moudjahidine à intégrer la Fondation au sein de la commission nationale des festivités et des commémorations et d'installer la commission de révision du code du moudjahid et du chahid, en vue de «pallier le vide juridique relatif à l'attribution de la qualité de chahid à tous ceux qui sont morts pour une Algérie indépendante, même à titre symbolique, et enfin, procéder à la mise en place du Haut conseil de la mémoire».