La pollution à Skikda connaît un développement proportionnel à l'épanouissement énergétique et industriel des importantes unités opérationnelles sur la plateforme pétrochimique. Elle est même devenue tricéphale : atmosphérique, marine et urbaine. La première est due aux émissions de gaz torchés. Le principal complexe à l'origine de cette forme de pollution n'est autre que la raffinerie de Skikda. Sa torche, l'un des «monuments» emblématiques de la ville, y contribue de manière importante. Ses émanations dégagent l'équivalent de 21 fois le CO2 dans des conditions d'effet de serre. L'absence des zones tampons, censées absorber les gaz, a aggravé la situation. L'unique zone, celle située au lieudit Le branchement, dans la localité de Oued Gsob, a été squatté par des constructions anarchiques. De l'avis de beaucoup d'observateurs, l'erreur fut aussi de bâtir sur les hauteurs de Bouabaz, lotissement surplombant la ville et faisant office de vitrine. Et ces constructions connaissent un grand essor. Des gourbis au nombre supérieur à 1000 avec un déversement des eaux usées à ciel ouvert et d'autres rejets. Cette situation a entraîné la multiplication des maladies respiratoires et infectieuses. Le projet Samasafia, lancé dans l'objectif de contrôler la pollution, a abouti à ce jour à la mise en place de 3 capteurs : l'un dans les allées du 20 Août 1955, les deux autres au niveau de la zone industrielle pour mesurer le taux des particules en suspension dans l'air. Selon des indiscrétions, d'autres plus sophistiqués ont été commandés et seront mis en service incessamment. «Il faut des purificateurs», recommande un expert en la matière.D'autre part, le projet Topping Condensat GT1K et GT2K, construit par les Chinois, est destiné à la récupération des gaz torchés, 16 tonnes par heure sont récupérées comme combustibles au profit des fours. La deuxième est provoquée par le rejet des déchets toxiques et liquides en mer. En dépit de la disposition des principales unités de traitement, le mal n'est pas encore endigué. Cela est expliqué par le fait que le zéro PPM de dérivés d'hydrocarbures n'est jamais atteint, ce qui fait que nos mers sont polluées. Le secteur de la pêche et des ressources halieutiques en pâtit âprement. Selon les dires d'un élu, «on mangeait plus de sardines dans les années 1970 quand Skikda ne disposait que de deux sardiniers. Maintenant qu'on compte trois ports de pêche, on n'en consomme plus». La troisième découle de facto de l'existence d'un pôle économique créateur d'emplois. La présence des expatriés et des travailleurs hors wilaya, cadres ou manœuvres, à Skikda est un indice probant. La circulation dans une ville qui étouffe est devenue insupportable. L'air que l'on respire est aussi pollué. L'absence d'un plan de transport non actualisé depuis 1992, le manque d'issues, le nombre sans cesse grandissant de véhicules sont les causes les plus apparentes.