Depuis quelques jours, c'est l'embouteillage à la division des océans et du droit de la mer des Nations unies. Sri Lanka, Côte d'Ivoire, France, Seychelles, Nigeria, Vietnam... les Etats se précipitent pour déposer, avant la date butoir du 13 mai, leur demande d'extension des limites du plateau continental. Le concept peut paraître obscur, mais l'enjeu est considérable : une course aux ressources pétrolières, minières et biologiques sous-marines est en train de se jouer. En effet, en vertu de la convention de Montego Bay (du nom de la ville de Jamaïque où elle a été adoptée) sur le droit de la mer de 1982, les Etats côtiers peuvent revendiquer des droits sur les ressources du sol et du sous-sol de la haute mer. Pour cela, il leur faut démontrer qu'il existe un prolongement naturel de leur masse terrestre sous la mer au-delà des 200 milles nautiques (370 kilomètres) de la zone économique exclusive (ZEE), où leurs droits souverains sont automatiquement reconnus. Cette extension ne peut toutefois pas dépasser la limite des 350 milles (648 kilomètres) et ne concerne pas les ressources halieutiques. «Nous travaillons pour les générations futures», affirme Elie Jarmache, qui coordonne le programme français d'extension du plateau continental au secrétariat général de la mer, structure placée auprès du premier ministre. «A l'évidence, nous ne sommes pas en situation de prospecter aujourd'hui dans des zones aussi lointaines, mais les chercheurs et les industriels sont persuadés que le sous-sol des mers forme un réservoir considérable de matières premières. Nous nous devons d'anticiper et de garantir nos droits dans ces zones.» Déjà, plus d'un tiers du pétrole est extrait offshore, jusqu'à 3000 m de profondeur. Tandis qu'à terre, les ressources s'épuisent, le manganèse, le cuivre, le nickel, le cobalt, le zinc, le fer ou le plomb présents sous les mers suscitent de plus en plus d'intérêt. Les Etats côtiers qui disposent des moyens financiers suffisants ont lancé des programmes scientifiques idoines. En France, Extraplac dispose depuis 2002 d'un budget annuel de 2,3 millions d'euros. Une vingtaine de scientifiques y participent. «Nous cherchons la limite entre le prolongement de la masse terrestre et les grands fonds», résume Walter Roestet, chercheur et responsable scientifique du programme.