Un silence lourd a gagné la salle quand trois bêtes immondes s'installèrent dans le box des accusés. Du regard qu'ils jetèrent sur les présents suintait la haine, une haine qui les avait poussés au mois de juillet de l'année dernière à commettre les pires ignominies sur une route déserte de la wilaya d'Oran. Hamid et Meriem, un couple émigré installé en France, étaient revenus cet été passer leurs vacances au bled. Et en cette nuit douce de juillet, ils revenaient en voiture d'une fête de mariage célébrée à El Kerma. Ils s'étaient bien amusés et avaient revu des cousins qu'ils avaient perdus de vue depuis des années. Le véhicule avalait les kilomètres sur cette route mal éclairée qui relie El Kerma à la ville d'Oran. Soudain des blocs de pierres firent leur apparition, éclairés par le faisceau des phares de la voiture de Hamid qui freine promptement. Il descend pour dégager la voie et c'est à ce moment que fondent sur lui quatre individus sortis du néant. Encagoulés, ils le rouèrent de coups, lardèrent son corps de plusieurs coups de couteau. Le laissant pour mort, ils se dirigèrent vers son épouse qu'ils sortirent violemment du véhicule. Ils la violèrent. Une fois leur acte abject accompli, ils la forcèrent à monter dans le véhicule de son mari et quittent précipitamment les lieux. Hamid avait tout vu de la scène, mais il n'avait pas de force pour réagir, pour sauver sa femme. Les individus pensant avoir réalisé l'affaire du siècle décidèrent d'aller fêter leur fait d'armes dans une discothèque de la corniche oranaise. Mais en cours de route grisé par la puissance du véhicule, ils commirent un accident qui mettra fin à leur cavale. Blessés et toujours accompagnés de Meriem, ils furent conduits au service des urgences de l'hôpital d'Oran. Hamid secouru par des passants avait raconté l'attaque à la brigade de gendarmerie et l'alerte fut donnée. C'est ce qui permit d'ailleurs l'arrestation des trois inculpés, présents au box des accusés, avant même qu'ils ne quittent l'hôpital. Le quatrième ayant réussi à fausser compagnie aux infirmiers qui le conduisaient au bloc de la radiologie. Devant la cour, ils ne trouvèrent quoi dire pour justifier leur acte. Bien sûr, ils mirent ça sur le compte de la boisson et des psychotropes qu'ils avaient ingurgités mais cela n'émut pas le représentant du parquet qui mit en relief la sauvagerie de leur acte et la blessure que gardera à jamais le couple, absent à l'audience. Il requit à leur encontre la réclusion criminelle à perpétuité, mais au terme ils furent finalement condamnés à passer 20 années à l'ombre d'une cellule.