Le secteur avicole va mal. Ce malaise se reflète, bien sûr, à travers l'augmentation de leurs prix : le poulet est passé de 160 DA à 240 DA le kilo et plus, la dinde a atteint les 330 DA le kilo et l'œuf est passé progressivement de 5-6 DA à 10 DA/pièce en l'espace de quelques mois, des hausses jamais égalées. Les 400 000 aviculteurs en exercice évoquent plusieurs problèmes à l'origine de cette excessive flambée des prix, qui pénalise aussi bien les consommateurs que les producteurs, dont certains pensent même à bouder l'activité, ce qui induirait par la même occasion une hausse du chômage en Algérie, qui serait ainsi renforcé de plus d'un million de personnes. Outre les maladies qui obligent les éleveurs à abattre leurs volailles, la filière avicole algérienne est menacée par la volatilité des cours des céréales indispensables à leur alimentation, suivant les prix affichés à l'échelle mondiale. Le secteur, qui, faut-il le rappeler, a souffert pendant trois longues années de la crise des céréales, va devoir encore faire face à une éventuelle hausse des prix. Quand le prix du maïs a enregistré une hausse de 72% entre janvier et décembre 2007, l'Etat avait dû débloquer une enveloppe conséquente pour imposer une baisse des prix des céréales à hauteur de 10%. Cette crise est demeurée latente et les aviculteurs ont continué à en subir les conséquences jusqu'en janvier 2008. Les premières mesures de soutien se sont avérées malheureusement insuffisantes, car les céréales sont importées et dépendent d'un marché international instable. Si les aviculteurs ont réussi à surmonter tant bien que mal cette difficulté jusqu'à l'année dernière, les dommages se sont fait ressentir à long terme : l'année 2010 s'annonce tout aussi redoutable, et les producteurs ne sont pas optimistes, car malgré la baisse de 10% enregistrée en novembre 2008, un rebond du prix des céréales (maïs, blé, soja) est envisageable dans les prochains mois, suivant la dislocation générale des marchés mondiaux. La plupart d'entre eux évoquent la production locale de céréales et d'oléagineux comme seule solution pour assurer l'autosuffisance alimentaire de leurs élevages. Cette option, si elle est applicable, évitera un énorme préjudice financier aux aviculteurs, car l'importation des aliments représente 80% de leurs investissements. L'autre manifestation de bonne volonté de l'Etat - mesures d'allègement fiscal de la TVA de l'ordre de 17% sur les transactions de l'aliment bétail - se heurte aussi à des aléas, générant le mécontentement des aviculteurs qui affirment que "cet allégement n'est pas appliqué par les producteurs privés d'aliments du bétail qui continuent à facturer la fameuse taxe sur la valeur ajoutée à hauteur de 17%". Précisons que ces derniers sont obligés de s'approvisionner auprès des producteurs privés, car l'Office national de l'aliment du bétail ne couvre que 20% des besoins du marché national, évalués à 8 millions de tonnes/an, soit 1,6 million de tonnes seulement, alors que 80% sont assurés par des intervenants privés. Il y a lieu de rappeler que l'allégement fiscal de la TVA qui était de l'ordre de 17% sur les transactions de l'aliment du bétail vient renforcer les dispositions prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2008concernant la baisse de la TVA sur les prix des engrais, des produits phytosanitaires et des intrants pour la fabrication de l'aliment du bétail ainsi que ceux des loyers relatifs au matériel agricole fabriqué localement.