Le collectif Nabni (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées) a fait la promotion, hier à Alger, du plan d'urgence 2015-2017 afin de faire face à la crise pétrolière et transformer l'ordre économique en Algérie. Les membres dudit collectif ont recentré le débat sur l'urgence des réformes économiques au lieu de se focaliser sur la question de la réduction de la dépense publique. «Il est encore temps d'opérer en urgence les changements nécessaires pour éviter le krach de l'économie algérienne, mais le temps nous est compté. Si on ne le fait pas maintenant, on risque de déléguer le problème à la génération 2020 qui se verrait imposer un ajustement brutal et douloureux des ressources», a estime Zoubir Benhamouche, membre du collectif. S'exprimant lors d'une rencontre-débat autour des réponses à apporter à court terme à la chute des prix du pétrole, Benhamouche a indiqué que «l'Algérie a ignoré les signaux d'alarme parvenus de toutes parts sur la fragilité de notre situation économique et sur l'illusion de puissance que nous donnait notre ‘‘faux matelas'' de 200 milliards de dollars de réserves de change». Le panel d'experts présents a refusé de s'engluer dans le débat en cours sur les mesures à prendre pour faire face à la chute des prix du pétrole en insistant sur l'urgence absolue des réformes indépendamment du cours du baril. «La baisse des prix du pétrole est une sonnette d'alarme utile», a indiqué Benhamouche, mais sur le fond, «l'urgence d'engager de profonds changements dans notre modèle économique et social et dans la gouvernance publique, reste la même que lorsque le baril était à 120 dollars». «Cet effondrement des prix ne change absolument rien au contenu des réformes à mener, ni à leur urgence ni aux mesures à prendre», a-t-il averti. Pour sa part, l'expert auprès du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Mouloud Hedir, a indiqué que le pays est dans une phase décisive pour son évolution. «Nous avons un potentiel immense et si nous n'agirons pas au moment voulu, nous finirons par le gâcher», a-t-il averti. Hedir a critiqué le système national de subvention, estimant qu'il est urgent de le revoir pour sortir de cette crise et aller de l'avant» Le peuple est accro aux subvention, donc les supprimer et une tâche rude», a-t-il déploré. L'expert a jugé scandaleux que le prix de l'essence n'a pas été révisé, alors que la demande a presque triplé ces dernières années. De son côté, l'expert pétrolier, Mourad Preure, a mis l'accent sur le caractère dangereux de cette crise. «L'Algérie ne fait pas seulement face à la chute des prix du pétrole, mais également à la baisse du niveau de production. Nous n'arrivons plus à répondre au besoin du marché international», a-t-il indiqué. Il a qualifié cette chute des prix du pétrole d'épisode baissier prévisible. «Le pays doit avoir une attitude proactive à cette situation et saisir l'occasion pour renforcer les grandes institutions de l'Etat, notamment l'entreprise pétrolière Sonatrach», a-t-il suggéré. Transition énergétique Le collectif Nabni a axé son plan sur la nécessité d'identifier les réformes nécessaires et fondamentales, de court terme, qui permettront de créer les conditions d'une sortie de l'économie de rente. Nabni insiste aussi sur l'urgence de bien d'autres transitions «sans quoi la transition économique échouera» : une transition énergétique, celle du système de redistribution sociale et celui de santé publique et enfin environnementale et de développement durable. Le groupe de réflexion pense qu'il faut engager ces transformations immédiatement. «Ces transformations sont urgentes, pas parce que le prix du baril s'est écroulé, mais parce qu'elles mettront du temps à faire leurs effets. La chute du baril n'est qu'une sonnette d'alarme malheureuse.» La différence est qu'à ce prix-là (en baisse), s'ils ne remontent pas ou que notre production n'augmente pas, nous risquons bientôt de ne plus avoir les moyens de réformer sans coût social élevé», ont-ils conclu.