Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, Dr Mohamed Bekat Berkani, a indiqué hier que l'épidémie de grippe qui a touché le pays cette année n'a pas un caractère particulier de gravité, comparativement aux années précédentes. «Cette année, c'est la campagne de sensibilisation qui n'a pas atteint les résultats escomptés», affirme-t-il S'exprimant au Forum du quotidien El Wassat, Dr Bekat Berkani a tenu à rassurer la population, expliquant que cette grippe n'est dangereuse que pour les personnes à risque, notamment les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques comme l'asthme, le diabète ou le cancer. «Cette frange de la société devait absolument se faire vacciner, mais malheureusement la campagne de sensibilisation pour la vaccination n'était pas assez performante», a-t-il regretté. Dans ce contexte, Bekat Berkani a fait savoir que les citoyens n'ont pas été correctement informés sur les dangers de cette épidémie et les précautions à prendre pour éviter de se faire contaminer. «Il existe plusieurs chaînes de télévision privées et publiques mais aucune initiative n'a été prise pour diffuser un spot publicitaire sur les dispositions à prendre contre cette épidémie qui nous touche chaque année», a-t-il déploré. L'intervenant a indiqué, en outre, que la propagation du virus de la grippe a été immédiat cette année, car il y a eu un changement climatique soudain. «Nous avons eu un été prolongé et nous nous sommes retrouvés rapidement confrontés au froid. Au moment du lancement de la campagne au mois d'octobre 2014, les citoyens n'ont pas pris au sérieux les dangers de cette grippe», a-t-il expliqué. Dr Bekat Berkani a appelé toutes les personnes vulnérables (malades chroniques, personnes âgées, femmes enceintes, enfants en bas âge) de se faire vacciner le plus vite possible afin d'éviter toutes sortes de risques. Abordant, par ailleurs, les efforts déployés par l'Etat afin d'améliorer les prestations dans le secteur de la santé, le représentant des médecins soutient qu'ils sont insuffisants. «La situation régnant dans les hôpitaux algériens est délétère», a-t-il alerté, ajoutant qu'il faut agir en urgence au lieu d'attendre l'achèvement de la nouvelle loi sur la réforme du secteur de la santé. Pour lui, ce constat ne concerne pas uniquement le secteur public, mais aussi les cliniques privées qui ne font pas leur travail convenablement. Dans ce contexte, il a dénoncé le fait que des cliniques privées ne sont pas à la hauteur des prestations pour lesquelles elles sont autorisées. L'invité du forum déplore aussi la désorganisation du système de santé ainsi que les retards constatés dans la réalisation des infrastructures et la formation des personnels médicaux. «Quand vous vous présentez pour une consultation quelconque et que vous obtenez un rendez-vous, pour des mois plus tard, vous êtes face à une situation qui ne prête pas à l'optimisme», a-t-il regretté. Selon le représentant des médecins, «l'accès aux soins est devenu, aujourd'hui, très difficile aux Algériens». Pour un haut conseil de la santé publique Expliquant quelques-unes des causes de cette dégradation, l'orateur a déclaré qu'en plus des problèmes déjà cités, les solutions entreprises au titre de la réforme hospitalière ne sont plus adaptées. Il cite, en exemple, l'inadéquation des structures de santé de proximité, qui ne disposent pas des moyens propres à répondre à la demande des malades. Il signale aussi l'absence de programme de formation post-universitaire des médecins. Pour le président du Conseil national de l'ordre des médecins, les ressources financières ne sont pas assez suffisantes pour permettre de développer le système de santé et assurer, par là même, un service de santé de qualité. «L'Algérie, signale-t-il, ne consacre que 6% de son PNB (Produit national brut) au secteur de la santé.» Un budget infime par rapport aux pays voisins, à l'instar de la Tunisie, qui ne dispose pas des mêmes ressources financières que l'Algérie, mais qui consacre plus de 7% de son PNB à la santé. Le président du Conseil plaide pour l'augmentation du taux du PNB consacré à la santé à 9% quelle que soit la situation économique du pays, pour combler les lacunes dans le secteur et assurer la prise en charge de chaque Algérien. «Le budget de la santé exige l'utilisation des ressources financières qui lui sont consenties à bon escient. Le matériel médical et les médicaments coûtent de plus en plus cher, le secteur a besoin d'un meilleur appui financier», a-t-il martelé. Dans ce sillage, le professeur a plaidé pour la création d'un haut conseil de la santé publique et d'un institut national de prévention sanitaire. «Il faut mettre en place une autorité publique indépendante regroupant des experts de la santé ainsi qu'un institut de prévention en charge d'établir toutes les prévisions du secteur», a-t-il souligné. Dr Bekat Berkani a également mis l'accent sur le rôle de la prévention dans la lutte contre toutes les maladies, affirmant que c'est l'affaire de toutes les autorités et pas seulement du ministère de la Santé. Il a appelé à ce propos à l'organisation d'un Conseil restreint des ministres pour définir la responsabilité de chaque institution dans la réforme de la santé.