La santé en Algérie est-elle inquiétante à ce point ? De toute manière, en écoutant parler le président du Conseil de l'ordre national, nous ne pouvons qu'être préoccupés et ce, malgré les efforts considérables déployés par l'Etat qui, chaque année injecte des sommes colossaux dans ce secteur vital. En effet, intervenant sur les ondes de la chaîne III, le président du Conseil national de l'ordre des médecins a brossé un tableau noir sur la situation au niveau des structures de la santé. «La situation régnant dans les hôpitaux algériens est «délétère», a indiqué M. Bekat Berkani, président du Conseil national de l'ordre des médecins. Ce constat ne concerne pas seulement le secteur public, précise Mohamed Bekat Berkani, dénonçant par ailleurs des cliniques privées «pas à la hauteur des prestations pour lesquelles elles sont autorisées». L'interviewé déplore aussi la désorganisation du système de santé ainsi que les retards constatés dans la réalisation des infrastructures et la formation des personnels médicaux. «Quand vous vous présentez pour une consultation quelconque et que vous obtenez un rendez-vous, pour des mois plus tard, vous êtes face à une situation qui ne prête pas à l'optimisme», a-t-il regretté. Selon le représentant des médecins «l'accès aux soins est devenu, aujourd'hui, très difficile aux Algériens». Expliquant quelques unes des causes de cette dégradation, l'orateur a déclaré qu'en plus des problèmes déjà cités, les solutions entreprises au titre de la réforme hospitalière ne sont plus adaptées. Il cite par exemple, l'inadéquation des structures de santé de proximité, qui ne disposent pas des moyens propres à répondre à la demande des malades. Il signale aussi l'absence de programme de formation postuniversitaire des médecins. Pour le président du Conseil national de l'ordre des médecins, les ressources financières ne sont pas assez suffisantes pour permettre de développer le système de santé et assurer, par la même, un service de santé de qualité. «L'Algérie, signale-t-il, ne consacre que 5% de son PNB (Produit national brut) au secteur de la santé». Un budget infime par rapport aux pays voisins, à l'instar de la Tunisie, qui ne dispose pas des mêmes ressources financière de l'Algérie, mais qui consacre plus de 7% de son PNB à la santé. Le président du Conseil plaide pour l'augmentation du budget de la santé et exige l'utilisation des ressources financières qui lui sont consenties à bon escient. «Le matériel médical et les médicaments coûtent de plus en plus cher, le secteur a besoin d'un meilleur appui financier. «Il faut, dit-il, que cet argent soit bien utilisé, bien contrôlé pour bénéficier, au bout du compte, aux malades». Dans ce sillage, le professeur a plaidé pour une relance du système de contractualisation et appelé la sécurité sociale à s'impliquer dans la formation des personnels médicaux. Chaque année, des dizaines de patients paient par leur vie, «le laxisme», la négligence et les erreurs médicales survenues dans les hôpitaux et les cliniques que ce soit publics où privés. Il suffit de rendre visite au niveau des services des urgences ou dans une maternité pour voir «l'image» réelle de la santé dans notre pays. Selon un bilan officiel, pas moins de 800 femmes décèdent chaque année en Algérie pendant ou après l'accouchement dont 55% des cas surviennent dans les hôpitaux. Hormis quelques structures de la santé qui se comptent sur les bouts des doigts, la situation dans nos hôpitaux laisse à désirer et il y a lieu donc lieu de s'inquiéter.