La moudjahida et ancienne condamnée à mort, Jacqueline Guerroudj, décédée dimanche à Alger à l'âge de 95 ans, a été inhumée hier au carré des martyrs du cimetière d'El Alia (Alger). Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, des anciens moudjahidine, historiens, universitaires, ainsi que des ami (e)s et membres de la famille de la défunte étaient présents à l'enterrement dans une ambiance chargée d'émotion. Dans une oraison funèbre lue par un représentant du ministère des Moudjahidine, le parcours militant de Jacqueline Guerroudj, son amour pour l'Algérie, son engagement pour la cause algérienne et son combat ont été évoqués et salués. Jacqueline Guerroudj est l'auteure de «Des douars et des prisons» (Bouchène, 1993), un ouvrage témoignage sur sa vie d'enseignante et de détenue politique à la prison de Serkadji d'Alger. Elle était la mère des moudjahidate Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message de condoléances au moudjahid Abdelkader Guerroudj et à sa famille suite au décès de la moudjahida Jacqueline Guerroudj, qui «compte parmi ceux qui ont choisi la voie de la justice». «La volonté divine a voulu que nous quitte la doyenne des moudjahidate algériennes condamnées à mort, ces combattantes que l'humanité a gratifiées de ses sublimes vertus et plus nobles valeurs et qui ont accompli leur mission de la manière la plus honorable», a écrit le président Bouteflika dans son message. Revenant sur le parcours combattant de la défunte, le Président a rappelé que «cette jeune Française venue en Algérie en 1948 a aussitôt constaté les souffrances, l'injustice, la tyrannie, l'ignorance, la pauvreté, et moult privations qui faisaient le quotidien des populations de ce pays. Elle n'avait pu admettre que de tels méfaits puissent émaner de ces propres concitoyens, déplorant que les valeurs de liberté, de fraternité et d'égalité prônées par la France n'étaient que des paroles feintes». Et d'ajouter que «face à cette réalité inadmissible, elle prit l'engagement de se mettre du côté de la justice et de l'équité, se démarquant de tout esprit d'appartenance ethnique ou géographique, clamant sa loyauté pour la seule légalité humaine et ses exigences de liberté, d'indépendance et de dignité de l'homme». «Le déclenchement de la Révolution de 1954 a ouvert pour elle de larges perspectives pour la concrétisation de son objectif. Elle rejoignit l'Armée et le Front de libération nationale, défiant les supplices de la torture réservés aux moudjahidine qui tombaient entre les mains de l'occupant», lit-on dans le message du président Bouteflika. «Jacqueline a choisi, au lendemain de l'indépendance, de vivre en Algérie, la patrie qu'elle a contribué à libérer pour participer à sa construction et son édification par ses idées et sa plume. Ni les séquelles de la torture et de la détention ni les effets de l'âge et de la maladie n'ont entamé sa détermination à donner le meilleur d'elle-même jusqu'à son dernier souffle», affirme le président Bouteflika. «Tout en vous présentant mes condoléances les plus attristées et en vous assurant de ma profonde compassion, je prie Dieu Le Tout-Puissant d'accorder à la défunte Sa Sainte miséricorde et de l'accueillir en Son Vaste Paradis et de vous prêter réconfort en cette douloureuse épreuve». Le parcours militant de Jacqueline Guerroudj, décédée dimanche à Alger à l'âge de 95 ans, représente un symbole avéré des luttes contre l'oppression et l'injustice, et reflète tout l'engagement des défenseurs de la cause algérienne d'origine européenne, témoignent des amis de la défunte et des spécialistes en histoire. La moudjahida Louisa Ighilahriz, pour qui Jacqueline Guerroudj a beaucoup contribué dans son éducation militante et sa détermination à aller de l'avant dans le combat libérateur, a qualifié la défunte de «patrimoine national» de l'histoire de l'Algérie. «C'était notre petite maman en prison. Nul n'est éternel, mais c'est toujours dur de perdre quelqu'un de très cher. Jacqueline n'a jamais baissé les bras. Elle était consciente et convaincue que l'Algérie aller recouvrer sa liberté. Elle n'a jamais remis en cause l'indépendance de l'Algérie», a indiqué Louisa Ighilahriz avec émotion. «Jacqueline est d'origine européenne, mais elle a choisi l'Algérie, pays qu'elle a fait sien et n'a jamais quitté», a-t-elle ajouté.