A deux semaines des élections européennes, Silvio Berlusconi se trouve à nouveau plongé dans une tempête politique après la publication des attendus d'un jugement le désignant comme le «corrupteur» de son ex-avocat britannique dans une affaire de faux témoignage datant des années 1990. «C'est une attaque politique minutée», a dénoncé hier Paolo Bonaiuti, le porte-parole du chef du gouvernement au lendemain de la colère de Berlusconi contre cet «énième jugement scandaleux» de «magistrats rouges», complices selon lui d'une opposition «déconfite» et d'une presse «qui devrait avoir honte». «J'ai déjà dû faire face à 102 procès et dépenser 200 millions (d'euros) en frais d'avocats», a affirmé le «Cavaliere» qui a annoncé qu'il irait «devant le Parlement» pour «dire ce qu'il pense de ces magistrats». Le chef du gouvernement était le co-prévenu de son ancien avocat David Mills, condamné en février dernier à quatre ans et six mois de prison dans cette affaire. Il était accusé d'avoir versé 600 000 dollars à M. Mills en échange de deux faux témoignages concernant des placements offshore de son empire financier Fininvest. Mais Berlusconi a vu son cas dissocié de celui de Mills par une loi controversée qu'il a fait adopter par le Parlement en octobre 2008, et qui lui a accordé l'immunité pénale le temps de son mandat. M. Berlusconi, qui se croyait protégé au moins temporairement des poursuites judiciaires, se serait certainement bien passé de la publication de ces accusations de corruption qui l'éclaboussent en pleine campagne électorale. Cette nouvelle affaire intervient seulement trois semaines après des déboires conjugaux qui se sont soldés par une demande de divorce de sa femme, Veronica Lario, qui a lancé des accusations publiques sur le goût supposé de son mari pour les jeunes starlettes et même les jeunes filles mineures. Berlusconi a accusé le coup («c'est une affaire privée douloureuse») tout en rejetant les accusations de sa femme et en affirmant qu'elle était abusée et manipulée par l'opposition de gauche. Le chef du gouvernement, qui avait connu un pic de popularité en Italie pour sa gestion du tremblement de terre du 6 avril dernier à L'Aquila dans les Abruzzes, a perdu quelques points dans les sondages depuis les accusations de sa femme. Selon l'Institut IPR, le «Cavaliere» avait perdu à la mi-mai 3% par rapport au mois d'avril et se trouvait à 53% d'opinions favorables, tandis que le nombre de ceux qui lui accordaient «peu ou aucune confiance» passait de 42% à 46%.