Considérés comme un luxe pour certains, les compléments nutritionnels ou aliments diététiques proposés en pharmacie sont indispensables pour les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques. Mais vu les prix excessifs, beaucoup d'entre ces malades ne peuvent se les permettre à cause de leur faible pouvoir d'achat. Certes, ce sont des aliments diététiques, mais ils sont destinés à des fins spécifiques, nous explique une pharmacienne. Ils se situent entre la médication et la nutrition, explique Jacques Lossec, directeur export chez Nutricia-Nutrition clinique, laboratoire international faisant partie du Groupe Danone. Ces produits, selon lui, sont également indispensables aux maladies métaboliques des nourrissons. En Algérie, «ces maladies ne sont presque pas soignées, car seules les familles aisées se permettent l'achat de ce genre de produits». Pourtant, il s'agit d'un enjeu pour la santé publique, car ces nourrissons sont sujets à des troubles neurologiques qui se perpétueront jusqu'à l'âge adulte. D'autres produits spécifiques sont également proposés pour les nourrissons allergiques au lait de vache. Pour mieux expliquer l'intérêt à consommer ces compléments, il a relevé que ce sont des produits de nutrition clinique adaptés aux besoins des personnes, surtout en période pré et postopératoire, et constituent pour certains enfants un traitement de dénutrition. Les enfants brûlés, par exemple, ne peuvent se nourrir normalement, d'où l'indispensabilité de prendre ces produits. Depuis 2006, ce laboratoire commercialise en Algérie des produits destinés aux malades hospitalisés et aux patients à domicile. «Nous proposons des traitements pour les malades qui ne peuvent se nourrir normalement», a expliqué Jacques Lossec, en citant, entre autres, les personnes dénutries qui se retrouvent au niveau des services de réanimation ou aux services de traitement du cancer. Cette alimentation artificielle permettra à ces malades d'éviter la dénutrition. La demande pour ces aliments diététiques destinés à des fins médicales spéciales existe en Algérie, mais elle reste faible en raison des prix. Le gros souci des laboratoires, note le responsable, est le fait que ces produits ne sont pas remboursés par la sécurité sociale, car ils ne sont pas considérés comme des médicaments. S'ajoute à cette contrainte, le faible pouvoir d'achat des Algériens. La taille du marché ne permet pas d'envisager des investissements locaux, estime Jacques Lossec. Vitamines et compléments, une nécessité Une pharmacienne de la capitale pense que la demande est exprimée principalement au niveau des quartiers où le pouvoir d'achat est important. Dans les quartiers démunis, les gens ne sont pas preneurs, car cela reste à leurs yeux «un produit de luxe». Et pourtant, la nutrition n'est pas un luxe pour un malade qui ne peut pas s'alimenter. Un cancéreux qui fait une radiothérapie a besoin de s'alimenter par ce genre de produits. Son souhait, pour ce genre de cas, est l'intervention du ministère de la Santé à travers des mesures pour venir en aide à ce genre de malades. Le coût d'une cure risque d'être important, car les résultats ne peuvent être obtenus qu'après une consommation pendant plusieurs mois. Elle reste, du moins, optimiste en pensant que les comportements changent, ce qui laisse entendre que la demande pourrait croître dans les prochaines années. Pour Mourad Debbache, délégué médical au laboratoire allemand Bayer Santé Familial, les Algériens qui demeurent trop stressés ont besoin de prendre des vitamines pour compenser les manques en magnésium notamment. Conjugué à une alimentation en deçà des besoins nutritionnels, un apport en complexes vitaminés est rendu nécessaire pour combler les carences. Les vitamines sont considérées comme un luxe en Algérie, a-t-il remarqué. La demande, à son avis, est exprimée principalement par les étudiants et les travailleurs. Mais «les étudiants par exemple ne peuvent se permettre une boîte de vitamines qui coûte 400 DA», fait-il remarquer.