La dernière décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir un quota de 30 millions de barils par jour continue d'influencer les cours, en baisse de jour en jour. Un recul des prix qui n'arrange désormais aucun pays producteur, a estimé mardi soir le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. Intervenant avec d'autres experts en énergie sur le plateau de la chaîne de télévision Algérie 3, le ministre a considéré que la chute des cours pourrait engendrer une baisse des investissements dans le domaine des hydrocarbures et dans la formation des compétences dans le secteur. Même si le maintien du quota a été principalement l'œuvre de l'Arabie saoudite, Yousfi a préféré parler du consensus qui a prévalu entre les pays membres de l'organisation avant de prendre la décision relative au maintien de la production de 30 millions de barils/jour, lors de la dernière réunion qui a eu lieu fin novembre à Vienne. Cette décision a été prise malgré l'excédent de deux millions de barils/jour sur le marché. Mais, selon le ministre, l'Opep œuvre pour le maintien de l'équilibre et la préservation des intérêts des différents pays membres. Son rôle, expliquera-t-il, est de «réguler le marché», soulignant que «si l'organisation avait décidé de baisser la production, des pays producteurs de pétrole brut hors Opep saisiront cette opportunité pour augmenter leur production». Il a justifié, à cet effet, la décision de l'organisation par la volonté de ses pays membres de maintenir leurs parts de marché. Yousfi, qui s'est abstenu de critiquer la position de l'Arabie saoudite, s'est limité à dire que chaque pays membre défend ses «intérêts». Face à un excédent de production de deux millions de barils/jour, l'Algérie a proposé une baisse de 5% afin d'éponger, en partie, le surplus de l'offre sur le marché et le réduire de 500 000 barils/jour. Une baisse de la production aurait permis de freiner le rythme actuel de la dégringolade des cours, a-t-il estimé. Le ministre écartera, dans ce contexte, l'existence de positions conflictuelles entre les pays membres. Pas de conflit au sein de l'Opep Mais l'ancien ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, pense que «les pays de l'Opep devaient prendre une décision permettant de préserver un niveau des prix acceptable pour tous». La meilleure politique, selon lui, est celle d'œuvrer pour le maintien des prix à un niveau supérieur à 80 dollars et non des quotas. M. Attar pense qu'un pays comme le Qatar n'est pas inquiété même si les prix dégringolent à 40 dollars le baril. Du moins, les pays du Moyen-Orient auraient pu être solidaires avec des pays producteurs membres de l'organisation comme l'Algérie dont les économies dépendent fortement des recettes d'exportations de l'or noir. Les prix actuels, qui ont baissé à 66 dollars le baril n'arrangent même pas l'Arabie saoudite, qui était pourtant parmi les défenseurs du maintien du niveau de production à 30 millions de barils/jour, a-t-il estimé. Cela étant, il relève que le recul des cours ne va pas dissuader les Etats-Unis à produire le gaz de schiste car même à 50 dollars le baril, cette ressource non conventionnelle demeure rentable pour ce pays, même si l'Arabie saoudite avait tenté de justifier sa décision de défendre le maintien du quota de l'Organisation par ses craintes de voir le gaz de schiste concurrencer les ressources conventionnelles. De con côté, Mustapha Mekideche, expert en énergie, a axé son intervention sur le conflit qui prévaut actuellement au sein de l'Organisation au sujet de la fixation des quotas, surtout entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. Il est convaincu qu'il y a un problème de leadership entre les pays membres et a estimé que l'Arabie saoudite ne s'attendait pas au recul actuel des prix. Sa position, lors de la dernière réunion de l'Organisation, risque de lui porter préjudice car les recettes pétrolières lui permettent notamment de financer les besoins de son armée notamment. «Ce pays a joué avec le feu», a-t-il soutenu. Mais, pense l'expert, l'Arabie saoudite pourra changer de position dans le sens de l'assouplissement, lors de la prochaine réunion de l'Opep prévue en juin 2015 à Vienne. L'Algérie, note le ministre, poursuivra ses actions en faveur d'une révision à la baisse des quotas. Une réunion entre des pays producteurs comme l'Arabie saoudite, la Russie, le Venezuela et le Mexique est prévue en février 2015 pour discuter de l'évolution du marché, a-t-il annoncé. «Nous misons sur cette rencontre, à laquelle l'Algérie n'est pas conviée». L'Algérie tentera de convaincre les pays producteurs de son point de vue afin de faire avancer les négociations. Une réunion extraordinaire de l'Opep avant le mois de juin 2015 n'est pas à écarter dans l'objectif de tenter de réduire l'offre sur le marché afin d'influencer les cours en faveur d'une hausse.