Pour la première fois depuis son retour à la tête de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua s'est soumis samedi soir, lors du Forum de l'Entv, au jeu des questions-réponses devant un parterre de journalistes. Une occasion pour lui de faire un état de la situation de la première discipline sportive du pays et de donner quelques scoops à la suite de la réunion du bureau fédéral qui avait eu lieu la veille de l'émission. Selon lui, le fait que les décrets d'application de la loi 04-10 sur le sport aient été promulgués, cela a permis à la fédération de travailler dans un cadre légal et réglementaire. Il fera référence au décret sur le professionnalisme qui va permettre aux clubs de changer de statut. «Nous sommes dans un état hybride avec des clubs qui utilisent de l'argent à profusion tout en ayant un statut d'associations amateurs. De plus, la Fifa a instauré la licence professionnelle d'ici 2011. Les clubs algériens vont être obligés de suivre s'ils veulent prendre part aux compétitions internationales. Avec un système professionnel, il y aura plus de transparence dans la gestion de ces clubs. On saura quels sont les présidents et les dirigeants qui contribuent financièrement à aider leurs clubs et combien ils apportent», dira-t-il en guise d'introduction. On apprendra, par ailleurs, que le football algérien comprend 157 759 joueurs licenciés (ce qui en fait le second, sur ce plan, en Afrique derrière l'Afrique du Sud) et de 1143 clubs qui disputent les différents championnats. Ces derniers sont encadrés par 2052 entraîneurs et 11 107 dirigeants. On dénombre, également, 2528 arbitres et 1058 infrastructures sportives pour accueillir les rencontres. S'il est un domaine pour lequel le président de la FAF accorde une attention toute particulière, c'est bien celui de la formation. «Savez-vous, a-t-il affirmé, que nous avons à peu près 4000 joueurs benjamins à travers le pays alors que le nombre des seniors dépasse les 44 000 licenciés ? Dans un pays comme l'Algérie où la population est majoritairement jeune, un tel constat est inadmissible. On ne peut continuer de la sorte et attendre que notre équipe nationale soit performante. Si vous vous rappelez bien, l'équipe de 1982 était composée essentiellement de joueurs formés dans nos clubs et sur du tuf. Il n'y avait que trois joueurs émigrés, à savoir Korichi, Mansouri et Dahleb. Aujourd'hui, l'entraîneur national est bien obligé de faire appel à un très fort contingent de joueurs émigrés car nos clubs ne forment plus. Mais ce n'est pas uniquement de leur faute. Je vous annonce, par exemple, que pour la prise en charge des jeunes catégories, on dénombre un déficit de 2510 entraîneurs. Nos dirigeants de club ont, également, la fâcheuse manie de tomber dans la «championnite» et oublient qu'ils sont tenus par d'autres obligations autrement plus importantes. L'autre jour, nous avons tenu une importante réunion avec les présidents de club de la DI. Sur les 17 inscrits, il n'y en a eu que 7 à se déplacer. «En ce qui concerne les infrastructures sportives, M. Raouraoua fera savoir que le chef de l'Etat a donné des instructions fermes pour que tous les terrains d'Algérie soient gazonnés.» «Il est parfaitement au courant de la situation du football algérien», dira-t-il à propos du président de la République. «Il compte sur nous pour le relancer et lui donner une place de choix sur le plan international.» «A titre d'information, l'Algérie compte 42 stades avec des terrains en gazon naturel, 117 avec terrains en gazon artificiel et 909 avec terrains en tuf. Concernant les joueurs à la double nationalité et que la FAF souhaiterait récupérer même s'ils ont joué dans des sélections de leur pays d'adoption, M. Raouraoua indiquera que la fédération a demandé à ses homologues africaines d'aller en rangs serrés lors du prochain congrès de la Fifa pour que ce problème soit résolu en leur faveur. «Saâdane recevra toutes les garanties de la FAF» Le prochain match Algérie-Egypte a bien sûr été abordé, un match que le président de la FAF estime comme étant comme les autres. «Bien sûr, il a sa particularité mais il ne faut pas oublier qu'il y aura 4 autres matches après celui-là et pour moi le match contre la Zambie sera plus important.» Il en a profité, suite à une question qui lui a été posée à ce sujet, de confirmer le soutien qu'il accorde à Rabah Saâdane qui, le matin même s'est fondu en pleurs en conférence de presse affirmant qu'il craignait pour les siens. «Je connais Saâdane. J'étais avec lui au Mexique en 1986 et je l'avais défendu. C'est quelqu'un de très émotif. Je trouve regrettable qu'on en vienne à faire subir autant de pression à un homme. Ce n'est tout de même pas lui qui joue sur le terrain. En tout cas, il recevra de la part de la FAF les garanties que rien n'arrivera ni à lui ni à sa famille.» «Nos dirigeants sportifs sont de mauvais éducateurs» A propos du volet délicat de la violence, le président de la FAF assure que «les ligues font leur possible pour lutter contre le phénomène. On nous reproche d'user du huis clos qui n'apporterait rien. Si quelqu'un a une autre solution, qu'il nous la communique. Je vous promets que si elle est réalisable, nous l'appliquerons. La lutte contre la violence passe par une éducation d'abord au sein de la famille ensuite au niveau du club. Nos dirigeants sportifs sont, hélas, de très mauvais éducateurs.» M. Raouraoua a également justifié la décision faite aux clubs de ne plus recruter de joueurs étrangers. «Ce n'est pas que je sois contre de tels joueurs mais il faut admettre que les dirigeants de club ne jouent pas le jeu. Nous avions codifié ce genre de recrutement et imposé des critères. Je remarque aujourd'hui que ces critères ne sont plus respectés et on ramène n'importe qui. En outre, ces joueurs étrangers voient leurs droits bafoués puisque nombre d'entre eux ne sont pas payés et se plaignent auprès de la Fifa.» Tout au long de son intervention, le président de la FAF a donné l'impression d'être déterminé à bousculer les tabous. «Si je suis revenu, c'est à la demande de nombreux acteurs du football. Mais je ne suis pas là pour chauffer le banc. J'ai une mission à remplir et je ferai tout ce qui est en mon possible pour redorer le blason d'une discipline qui a perdu énormément de son crédit.»