Hassi Messaoud assise sur une poudrière ? C'est vraisemblablement le cas de le dire, à tenir compte de cet énième mouvement de protestation qui se déclare dans cette partie du sud algérien, en proie ces derniers temps à des mouvements de «troubles» épisodiques. S'agissant de Hassi Messaoud, l'origine de la colère est cette fois-ci d'ordre social. Des dizaines de jeunes de cette localité ne veulent plus subir la marginalisation en silence. Pour faire valoir leurs revendications s'articulant en termes d'accès aux logements, à l'emploi et à l'exploitation des terres agricoles, les citoyens de Hassi Messaoud ont décidé depuis la matinée d'hier de recourir à un mouvement de protestation. Ils ont en effet barré l'accès à la plus grande base de vie dont dispose la compagnie Sonatrach dans cette daïra d'Ouargla. Il s'agit de la base de vie d'Oued Irara où les citoyens protestataires ont érigé une tente devant le portail d'entrée dans l'objectif d'empêcher les employés de Sonatrach de regagner ladite infrastructure d'hébergement. Contacté hier, Khaled Younsi, un des animateurs de ce mouvement de protestation, explique que le recours au blocage de l'accès de l'une des plus importantes bases de la compagnie nationale des hydrocarbures est une manière de dénoncer «les effets indésirables» provoqués dans le sillage du décret qualifiant Hassi Messaoud comme champ pétrolier à haut risque industriel. De cette qualification, les autres activités hors hydrocarbures sont en totale hibernation, plus particulièrement celle relative à l'agriculture, fera comprendre notre interlocuteur. La réalisation des programmes de logements est en stand-by et la création de nouveaux postes d'emploi dans les autres secteurs hors hydrocarbure relève quasiment de l'impossible. Cela fait des années que Hassi Messaoud a été décrétée zone pétrolière à haut risque industriel. Le projet de la délocalisation de cette zone sur laquelle se penche un comité interministériel remonte également à loin dans le temps. Dans l'attente de cette délocalisation qui tarde à venir, Hassi Messaoud ne cesse de «s'abîmer» chaque jour un peu plus en raison de l'absence de projets sérieux susceptibles d'améliorer un tant soit peu le quotidien de ses habitants. La ville de Hassi Messaoud s'est, en effet, nettement dégradée au point de ressembler à un dépotoir à ciel ouvert. De la saleté partout, des tas d'immondices jetés çà et là, des routes déformées… un tel environnement insalubre, qui prévaut depuis des années, semble justifier à lui seul l'exaspération des habitants de cette ville, l'une des plus riches du pays en termes de réserves souterraines.