Durant les années 1990, l'Algérie qui luttait contre le terrorisme était victime d'un embargo imposé par plusieurs pays. On ne le dira peut- être jamais assez, en particulier en cette conjoncture internationale plutôt favorable aux organisations terroristes. Même les armes légères étaient interdites de vente à l'Algérie par nombre de pays qui ont, d'autre part, tenté de faire un forcing politique sur l'Algérie quand celle-ci combattait «Daech» version GIA (groupe islamique armé), GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat) et AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique) et autres organisations terroristes, dont le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) et «Houmate daâwa salafia». Aujourd'hui, la Syrie qui fait face à un terrorisme d'une violence similaire subit le même embargo de la part de nombreux pays qui semblent, pour des «raisons politiques», ignorer la leçon et les centaines de milliers de victimes du terrorisme. L'Algérie qui a enduré les souffrances d'un tel embargo et qui a alerté la communauté internationale dans les années 1990 sur le caractère transfrontalier du terrorisme refuse de s'aligner sur un embargo qui ne pourrait que renforcer la capacité de nuisance des organisations terroristes comme celle appelée «Etat Islamique» (EI ou Daech). C'est par respect pour ce principe que l'Algérie qui refuse de participer à un embargo qui livrerait un pays aux organisations terroristes a reçu, il y a quelques jours, le président de l'Assemblée du peuple syrien (Parlement), Mohamed Jihad Lahham. Durant cette visite officielle de trois jours à l'invitation du président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed Larbi Ould Khelifa, le président de l'Assemblée du peuple syrien s'est entretenu avec le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Autrement dit, le président du Parlement syrien a été reçu d'une manière officielle qui dénote le refus de l'Algérie de participer à l'embargo contre la Syrie, pays qui a élu son président de la République par les urnes et qui fait face depuis plus de trois ans à un terrorisme acharné, financé et soutenu militairement, politiquement et médiatiquement par plusieurs pays parmi lesquels ceux qui, comble de l'ironie, participent à la «coalition internationale contre Daech». L'Algérie retient que seuls quelques pays, dont l'Italie, ont refusé de lui imposer l'embargo durant les années 1990 (ce qui explique que grand nombre de policiers algériens sont équipés de pistolets automatiques de type Beretta, de fabrication italienne). L'Egypte est un autre pays qui, également, est confronté au terrorisme, en particulier après la chute des Frères musulmans qui, par le biais de leur leader Mohamed Morsli (qui avait même appelé au djihad en terre syrienne, avaient, rappelle-t-on, exprimé leur soutien à «l'opposition» armée syrienne contre l'Etat de ce pays. Les partis politiques «islamistes» en Algérie s'étaient soulevés contre la visite, effectuée en janvier de l'année en cours, par le ministre des Affaires étrangères égyptien, Nabil Fahmi, reprochant à l'Etat algérien de ne pas participer à l'embargo décidé contre ce pays. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, leur avait, rappelle-t-on, clairement signifié : «L'Algérie reconnaît les Etats, pas les gouvernements ni les régimes. Les relations de l'Algérie continuent donc avec les Etats quels que soient les problèmes internes du pays (...) C'est le président qui dirige la politique extérieure du pays, pas les partis», allusion faite aux partis politiques islamistes qui avaient tenté, sans réussir, d'empêcher l'arrivée du ministre égyptien des Affaires étrangères en Algérie. L'Algérie et l'Egypte sont même passées à une autre étape dans leur coopération avec la visite effectuée, il y a quelques jours, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal en Egypte, à l'occasion de la 7e session de la haute commission mixte algéro-égyptienne, dont les travaux se tiendront aujourd'hui et demain dans la capitale égyptienne, en présence du Premier ministre Sellal, accompagné d'une forte délégation ministérielle. «A cette occasion, les responsables des deux gouvernements procéderont à l'évaluation des relations de coopération ainsi qu'à l'examen des voies et moyens devant permettre leur développement et leur consolidation. Les travaux de cette commission seront couronnés par la signature d'une série d'accords et de programmes destinés à renforcer le partenariat et les échanges dans plusieurs domaines», affirme le Premier ministre dans un communiqué repris par l'APS. L'Algérie préfère la coopération à l'embargo, comme notre pays préfère la lutte concrète contre le terrorisme et non le soutien à cette forme de criminalité.