L'expert économique, Abdelhamid Mezaâche, explique dans cet entretien les répercussions du recul de la valeur du dinar sur l'économie nationale. Il souligne que la convertibilité totale du dinar ne changerait rien à cette situation. Le Temps d'Algérie : La valeur du dinar a fortement baissé par rapport au dollar ces dernières semaines. Comment expliquez-vous ce recul ? Abdelhamid Mezaâche : C'est à cause de la variation en hausse du dollar qui est une des monnaies auxquelles est rattaché le dinar. Aucune monnaie dans le monde ne peut rester insensible à des mouvements de variation des devises en raison de l'interaction mondiale des économies. Peut-on parler d'une dévaluation non assumée par le gouvernement ? Non, car il ne s'agit pas d'une dévaluation mais d'un ajustement automatique de parité. Le gouvernement n'est pas concerné car il s'agit d'une prérogative statutaire de la Banque d'Algérie. Comment expliquez-vous cette importante variation ? Elle s'explique par le mécanisme de la nouvelle valeur du dollar, pondérée par la part du dollar dans le panier de devises qui sert de référence à la fixation de la valeur du dinar. Il faut savoir que depuis 1971, l'étalon or a été supprimé, condamnant les monnaies à voir leur valeur flotter. On est à l'ère des changes flottants qui varient en fonction de l'offre et de la demande de devises et, par conséquent du commerce extérieur et de la spéculation sur les marchés de change (Chicago, New York, Londres, etc). Par ailleurs, la convertibilité totale du dinar ne changerait rien à cette situation, elle ne ferait que l'aggraver en intensifiant la fuite des capitaux. La faiblesse structurelle de l'économie algérienne (dépendance vis-à-vis d'un seul produit à l'export) ne favorise pas un flux équilibré des échanges de capitaux. Y a-t-il une relation entre la variation des prix du pétrole et la valeur du dinar ? Non. Absolument aucune. Le prix du pétrole résulte de la conjoncture du marché mondial. Le dinar n'est pas une devise. Quelles sont les répercussions de la hausse de la valeur du dollar sur l'économie algérienne ? Il y a d'abord une augmentation des recettes de Sonatrach (en dinars) et par contrecoup, des recettes fiscales de l'Etat. Ensuite, il y a une hausse des prix des importations en provenance de la zone dollar (USA, Asie). Il peut donc y avoir une hausse de l'inflation interne sur une période de six à neuf mois. Il y a un double effet : augmentation des coûts pour les entreprises dont l'activité est très dépendante de leurs importations en dollars. Par exemple, celles qui sont dans le secteur des véhicules (concessionnaires), mais aussi diminution des coûts des entreprises qui paient leurs importations en euros ou en livres sterling. Il est possible que cette situation favorise une baisse des importations et donc une baisse d'activité qui se répercutera sur le reste de l'économie dans un effet d'entraînement imparable.