L'unité de l'Algérie est l'affaire de tous. Pour la préserver du chaos et «barrer la route» à ceux qui veulent attenter à sa stabilité, il faut désormais serrer les rangs, suivre l'exemple de nos valeureux martyrs et puiser dans les valeurs de la Révolution. Le président de la République a saisi l'occasion de la célébration de la journée du Moudjahid pour adresser un message à la nation et interpeller par là même les Algériens sur la nécessité de privilégier l'unité nationale au détriment d'autres calculs qui risquent d'attenter à sa stabilité. Le chef de l'Etat, dans son message lu par le ministre de la Communication, Azzedine Mihoubi, jeudi à Constantine, a carrément lancé un appel au peuple pour préserver l'unité du pays. «Je lance un appel à tous les enfants de notre pays à s'unir pour barrer la route à tous ceux qui veulent attenter à sa stabilité et le plonger dans l'inconnu», a-t-il dit. Pour Bouteflika, il n'y a aucun autre choix possible «face à un avenir incertain à l'échelle de la planète» que de nous armer «des valeurs de notre religion et de puiser, dans les vertus de notre Révolution bénie et les sacrifices de nos glorieux martyrs, les meilleurs enseignements». Resserrer les rangs devient alors aux yeux du chef de l'Etat une absolue nécessité face aux multiples dangers qui guettent le pays, à l'instar du terrorisme international. «Pour la sauvegarde de notre pays et de notre liberté, il nous incombe à tous d'œuvrer au resserrement des rangs face aux menaces du terrorisme barbare et dévastateur qui ne connaît pas de frontières», a souligné Bouteflika, qui a rendu hommage aux éléments de l'ANP et aux membres des différents corps de sécurité «pour leurs efforts colossaux et leurs sacrifices incommensurables pour sauvegarder notre chère patrie et prémunir ses frontières, combattre et éradiquer les poches du terrorisme afin que règnent la quiétude et la sécurité dans toutes ses contrées». Pour pouvoir affronter ces dangers, il appellera les Algériens «à s'abreuver des valeurs de la Révolution». «Nous nous devons, un demi-siècle après la réalisation de cet éclatant exploit (la victoire, Ndlr) de marquer une halte pour méditer sur les facteurs de force de la Révolution. «L'évocation offre matière à la réflexion et à l'analyse d'une valeur morale et humaine qui a consacré le triomphe des Algériens lorsqu'ils ont privilégié les facteurs les unissant», analyse encore Bouteflika pour qui «toutes ces valeurs symboliques, nées de la Révolution, étaient destinées à présenter de véritables soupapes de sécurité contre les violents troubles qui ont frappé et plongé d'autres pays dans le chaos». Il est donc, selon le chef de l'Etat, un devoir sacré d'accorder tout l'intérêt «à cette immunité procurée par la glorieuse Révolution de Novembre pour contrer les complots ourdis, ou qui pourraient l'être, contre notre chère partie tant à l'extérieur qu'à l'intérieur» qui nuirait non seulement à ses yeux, à la stabilité du pays mais à son principal facteur qu'est le développement économique. Pour Bouteflika, la célébration de la journée du Moudjahid et le double anniversaire du Congrès de la Soummam et de l'attaque du Nord-Constantinois «nous interpellent ainsi que l'ensemble des citoyens et citoyennes, à la différence de leurs obédiences et appartenances politiques, à l'effet de faire front uni contre le sous-développement sous toutes ses formes, et de nous dresser d'un seul bloc contre tout esprit pessimiste et défaitiste, en consolidant l'espoir et la confiance en soi afin de pouvoir appréhender positivement les difficultés économiques qui se posent aujourd'hui à la planète et de nous projeter ensemble, forts du génie de nos jeunes savants, chercheurs et créateurs, de l'ère du pétrole dans l'ère des technologies de pointe». «Il va sans dire que la réalisation d'une telle entreprise passe par l'investissement dans le savoir et l'intelligence, dans les énergies renouvelables, les ressources alternatives que notre pays recèle en abondance, fort heureusement», conclut le chef de l'Etat, rappelant que «l'Algérie est un legs précieux dont la préservation est la responsabilité de tous». Convoquer l'Histoire pour déterrer le projet UMA Le président de la République, en «replongeant» dans les valeurs de la Révolution et en rappelant l'engagement des martyrs «tombés au champ d'honneur», a aussi convoqué l'Histoire pour déterrer le vieux projet mort-né de l'UMA. De longs passages de son discours y sont effectivement consacrés. Le 20 Août, a estimé le chef de l'Etat, est le symbole de «l'attachement de l'Algérie au projet d'édification du Maghreb arabe par fidélité aux nobles valeurs de justice, de liberté, d'unité et de progrès commun qui nous ont unis durant notre lutte contre le colonialisme». Usant de rappels destinés à rafraîchir la mémoire, Bouteflika veut sans doute enterrer la hache de guerre et rappeler au voisin marocain que la question du Sahara occidental ne devrait pas être un frein à l'urgence que représente la nécessité de relancer le projet, surtout que tous les pays du Maghreb sont confrontés à des crises multiples. «Ce même 20 Août de l'année 1953 et depuis, le peuple algérien a joint sa voix à celle du peuple marocain frère pour dénoncer le protectorat et les forces d'occupation qui ont contraint à l'exil son éminent souverain, le vaillant moudjahid Mohammed Ben Youssef, le roi Mohammed V, lui et sa famille, y compris le prince héritier de l'époque, Hassan II, que Dieu les accueille en Son Vaste Paradis parmi les pieux», a tenu à rappeler le président de la République qui fera remarquer que cette position a été exprimée «au moment où les chefs de la Révolution algérienne préparaient un soulèvement populaire à l'échelle maghrébine pour en finir avec le colonialisme». Faisant un clin d'œil à la Tunisie et son peuple frère qui menait aussi à cette époque sa lutte, Bouteflika évoque «le Maghreb des peuples» en affirmant que «la jeunesse dans les trois pays s'entraidait pour en finir avec le protectorat imposé à la Tunisie et au Maroc et l'occupation abjecte de la terre de l'Emir Abdelkader, d'Ahmed Bey et de Lalla Fatma N'Soumer». Cette union de la jeunesse maghrébine a selon lui donné naissance «aux plus beaux actes d'héroïsme qui ont permis le retour du roi Mohammed V dans sa patrie, concrétisant le triomphe de la révolution du roi et du peuple, mais aussi le retour victorieux, dans son pays, du leader Bourguiba». «Des faits concomitants au sentiment commun des peuples du Maghreb arabe que leur parcours et leur destin étaient étroitement liés aussi bien dans l'aisance que dans l'adversité», rappelle encore Bouteflika, estimant que «les conditions d'une révolution maghrébine collective étaient dès lors réunies». Une révolution maghrébine nouvelle sera-t-elle possible ? En tout cas, le chef de l'Etat qui a envoyé un message au roi du Maroc, Mohamed VI, le jour même de la lecture de son discours à Constantine, à l'occasion de son anniversaire et celui de la Révolution du Roi et du Peuple en exprimant sa détermination «à œuvrer de concert avec Votre Majesté au raffermissement des liens de fraternité et de solidarité au mieux des intérêts de nos deux peuples frères».