Presque minimisée il y a quelque temps, la menace terroriste émanant de l'extérieur du pays est aujourd'hui reconnue par l'Etat. En attestent les propos tenus récemment par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le général de corps d'armée Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). La situation sécuritaire difficile dans les pays voisins et son éventuelle retombée sur l'Algérie est à chaque fois évoquée depuis quelque temps. Le discours officiel en la matière est passé de l'«appel à la vigilance» à l'appel à «un front uni contre le terrorisme». Les inquiétudes ont été rappelées par le Président Bouteflika dans son message du 20 août à l'occasion de la Journée nationale du moudjahid. «Toutes ces valeurs symboliques, nées de la Révolution, étaient destinées à présenter de véritables soupapes de sécurité contre les violents troubles qui ont frappé et plongé d'autres pays dans le chaos», écrit le président dans un message adressé à cette occasion. «Je lance un appel à tous les enfants de notre pays à s'unir pour barrer la route à tous ceux qui veulent attenter à sa stabilité et le plonger dans l'inconnu», écrit-il encore, poursuivant : «Nous n'avons d'autre choix, face à un avenir incertain à l'échelle de la planète, que de nous armer des valeurs de notre religion et de puiser, dans les vertus de notre Révolution bénie et les sacrifices de nos glorieux martyrs, les meilleurs enseignements car telles sont les vertus qui ont bravé et vaincu l'injustice». Quelques jours auparavant, et à l'occasion de la tenue du Conseil des ministres, le président Bouteflika qui a salué «l'engagement et l'esprit de sacrifice de l'Armée nationale populaire (ANP) et des forces de sécurité dans la lutte contre le terrorisme» a appelé le peuple algérien à «la vigilance face au terrorisme». Le président de la République a «instruit le gouvernement de sensibiliser la population ainsi que les institutions publiques et entreprises économiques à faire preuve de vigilance de sorte à concourir à leur sécurité contre toute menace terroriste», avait souligné le communiqué du Conseil des ministres. Montée de Daech et baisse des prix du pétrole Ce message avait été adressé quelques jours après l'embuscade terroriste qui avait coûté la vie à neuf militaires dans la wilaya de Aïn Defla. Probablement informé d'une nouvelle flambée terroriste, le Président, qui avait appelé à la vigilance au lendemain de cette attaque, a appelé cette fois à «un front uni» contre le terrorisme. L'Etat estime-t-il que le degré de la menace terroriste est monté d'un cran ? En insistant à «unir le front interne», le Président donne un indice. La politisation du dossier de l'éducation scolaire sur fond de polémique créée autour de Nouria Benghebrit, et d'autres polémiques concernant d'autres secteurs, pourrait fragiliser le front interne menacé par le terrorisme extérieur. La position adoptée par le Premier ministre Abdelmalek Sellal à ce sujet, et exprimée pendant sa récente visite dans la wilaya de Constantine, va dans ce sens. Le Premier ministre qui a appellé à «ne pas politiser» la polémique créée autour de la ministre de l'Education a refusé de prendre partie dans cette affaire. En insistant à dire que «le gouvernement est uni», il exprime son refus de tout désaccord en ces moments de troubles aux frontières avec la Libye, où l'organisation terroriste Daech se prépare à étendre ses actions en direction des pays de la région. Daech n'est pas la seule menace L'installation de Daech en Libye n'est pas la seule menace terroriste pour les pays du voisinage. Au moment où Boko Haram sort des frontières nigérianes pour s'en prendre au Niger, pays frontalier de l'Algérie, Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a revendiqué l'assassinat de neuf militaires dans la wilaya de Aïn Defla, tente de réoccuper le terrain face à Daech. Les milliers de terroristes libyens et tunisiens partis combattre dans les rangs de Daech et d'Al Qaïda en Syrie et en Irak sont «convoités par Daech en Libye et Aqmi». La situation sécuritaire est des plus difficiles, et il faut y ajouter la baisse des prix du baril de pétrole. Les dépenses militaires pourraient en pâtir. Les moyens de surveiller les frontières aussi. L'unification du front interne est à même de surmonter la menace représentée par Daech, Boko Haram et Al Qaïda. D'où l'insistance du président de la République et du chef d'état-major de l'ANP.