Figuratif, semi abstrait et abstrait se côtoient dans une judicieuse combinaison qui émane de l'exposition de l'artiste Abdelouahab Selka qui se tient jusqu'à la fin du mois à la galerie Ezzou'art à Alger. La peinture de Selka est profonde et empreinte d'analyses, de recherches et de réflexions. Ses thématiques plurielles se limitent à la quête d'identité, à la valorisation du patrimoine, aux sentiments et à l'écologie. Ce dernier sujet est omniprésent dans les toiles du plasticien qui en fait son cheval de bataille. Un tantinet passéiste, il évoque à travers de nombreuses compositions la déforestation. La nature et l'environnement semblent être ses sujets de prédilection. Ses toiles puisent dans ce fonds culturel tout en rehaussant la nature et les paysages comme les tableaux intitulés «Le tailleur de vigne» ou «Les arums rouges» qui sont une merveille pour l'œil. Dans «Holocauste», Selka dessine une bête qui dévore les fleurs. Sa préoccupation essentielle est de veiller à protéger et sauvegarder la nature. Ses toiles aux titres divers ont des couleurs vives, notamment «Au clair de lune», «Nichée printanière», «Dinanderie» et «Embarcation». Très enluminées, ces compositions comportent en sus des coquillages, des roches que l'habile plasticien a peint en doré. Sa palette ardente pour certains est sereine et enjouée. L'artiste apprécie les matériaux qu'il incorpore à sa peinture, ce qui donne cette impression de relief. Dans un autre registre, le plasticien émérite arpente d'autres horizons. La sculpture semble être également sa tasse de thé. Il a une préférence pour la sculpture abstraite. Pour ses sujets, il utilise du bois d'olivier qu'il cisèle et modèle à volonté, au gré de ses envies et préoccupations.
Une grande technicité «Fraternité», «Coup de cœur», «Méditation», «Momo», «Déforestation», autant de sculptures qui évoquent des thèmes qui le tourmentent. Sensible et attaché à des principes, il semble nostalgique de ce passé si proche. Ses sculptures pleines de grâce et d'élégance renvoient à des sujets d'actualité importants. La sculpture intitulée «Crocodiles» est superbe alors que «Méditation» rappelle «Le Penseur» de Rodin. A l'évidence, l'artiste est à l'écoute de sa société et de son temps. Il déplore certains faits qu'il a connus et qui ont été battus en brèche depuis longtemps. Ayant fait les beaux-arts d'Oran, ce plasticien a su allier avec sagacité enseignement et don. Sa peinture en osmose avec ses désagréments lui permet de dénoncer ce qui le dérange. Ses toiles d'une grande technicité et d'une maîtrise parfaite des couleurs plaident pour un artiste consacré. Cette exposition a le mérite de nous dévoiler un plasticien de grande valeur qui conjugue son art avec ses préoccupations.