Pour le retour de l'université d'été de son parti, le remplaçant de Aboudjerra Soltani a invité des personnalités du la sphère islamique à partager les échanges avec les cadres de son parti. Hier à Alger, à l'ouverture de l'université d'été de leur parti – la treizième du genre –, les responsables du MSP étaient contents de rappeler que parmi leurs invités se trouvent des personnalités emblématiques des mouvements des Frères musulmans dans le monde. Ainsi, à côté d'Ahmed Benbitour, qui vient assister aux travaux comme conférencier, est assis l'ancien premier ministre tunisien et dirigeant du mouvement Ennahdha, Hamadi Jabali. L'homme, à la barbe soigneusement taillée, est venu en guest star de l'université d'été. Il a un discours «tourné vers l'avenir». «On ne peut plus continuer à vivre que sur notre passé», a-t-il dit tout en invitant les présents à engager, sans attendre, «des réformes» et «rouvrir les portes de la jurisprudence». Celui qui a présidé le gouvernement tunisien après la révolution de son pays, semble adopter un discours moins dogmatique que celui que tiennent les responsables islamistes algériens. Il est vrai que dans la foulée de ce discours réformateur – qui a d'ailleurs donné le titre à cette activité qui se tient sous le signe du «renouveau politique» –, Abderrezak Makri, le président du MSP a tenté d'innover lui aussi. Evoquant les «pères fondateurs» de l'islamisme politique né dans les années 1920, le responsable indique qu'on «ne peut plus gérer la situation actuelle comme celle d'il y a un siècle». A défaut de voir les partis de cette mouvance arriver au pouvoir, Makri se félicite des avancées «idéologiques» réalisées depuis tant d'années. Il en donne des exemples : les soulèvements «contre la loi sur les alcools» et «l'enseignement de l'arabe dialectal» ont été, selon lui, l'œuvre de composantes sociales qui n'adhèrent pas forcément à l'islamisme politique. «Les islamistes n'ont joué qu'un rôle minime lors de ces événements», clame Makri, content de voir le courant de pensée qu'il défend pénétrer dans la société. Hamza Mansour, un dirigeant islamiste venu de Jordanie, a abondé dans le même sens. Il demande à ses semblables de se montrer «modérés» et de s'inscrire dans le cadre de la création d'Etats civils au «service de tous les citoyens». Chose qu'a tenté de défendre le représentant des frères musulmans égyptiens. Ce dernier a concentré son intervention sur «la persécution» dont fait l'objet sa mouvance depuis l'arrivée du maréchal Abdelfettah Sissi au pouvoir en 2013. Pourtant, «nous avons fait plus de pas dans l'acceptation de l'autre», se lamente l'homme qui appelle «les hommes et femmes libres» à soutenir «notre combat». Seul le représentant du parti islamiste indonésien s'est montré différent. «Nous sommes un parti islamique. Mais nous comptons dans nos rangs des militants qui ne sont pas musulmans. Vous savez, en Indonésie plusieurs religions cohabitent !» a-t-il expliqué. Avenir sombre, selon Makri Sur le plan de la politique intérieure, Abderrezak Makri a prononcé un discours aux allures pessimistes. Il estime que la crise économique étant là, «les autorités auraient dû s'endetter avant» pour pouvoir «au moins» supporter les conditions des créanciers. L'homme avance qu'il soupçonne les autorités d'avoir «dévalué le dinar pour paupériser le peuple algérien» et qu'elles vont recourir à «la planche à billet». Une solution «qui n'aura aucun impact positif sur l'économie nationale», prévoit l'homme qui vient de «faire part» de ses inquiétudes au directeur de cabinet du chef de l'Etat, Ahmed Ouyahia. Le chef du MSP prévoit que la situation produira une «inflation à deux chiffres». Ce qui fera qu'«une liasse de billets ne suffira plus à remplir un couffin en produits alimentaires». Il dit craindre qu'une politique d'austérité conduira à «des troubles sociaux dangereux durant lesquels le pouvoir tentera de mater l'opposition et aura recours à la brutalité». Malgré cela, «la situation n'est pas irréversible» et «l'espoir est permis», indique Makri. Il fonde son espoir sur la présence «d'hommes patriotes qui se trouvent dans des partis politiques, les institutions publiques, les organisations de la société civile». «L'Algérie ne tombera pas», a-t-il encore clamé. A noter que bizarrement des alliés du MSP dans la CLTD ne se sont pas déplacés à l'université d'été. Il s'agit notamment du RCD et du parti de Djaballah. Ali Benflis s'est fait représenter par un cadre. Parmi les partis du pouvoir, seule Nouara Djafar a représenté le RND.