Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, plaidera aujourd'hui à Washington devant le président Barack Obama pour obtenir son soutien à la création d'un Etat palestinien et à la mise en œuvre d'un véritable plan de paix au Proche-Orient. Il s'agit en fait de convaincre une fois pour toutes le chef de l'Etat américain à s'impliquer lourdement dans la mise en œuvre de ce processus et à se démarquer de la démarche de ses prédécesseurs qui ont toujours affiché un total alignement sur le moindre desiderata d'Israël, tout en soulignant, paradoxalement dans leurs discours, leur «volonté» à favoriser l'émergence, côte à côte, de deux Etats, palestinien et israélien. La tâche semble bien difficile car le dossier palestinien a toujours été traité par les Etats-Unis sous l'angle étroit de la vision israélienne qui à l'évidence ne privilégie que ses propres intérêts. De plus, Israël a de tout temps piétiné avec arrogance, sous l'œil bienveillant du grand frère américain, les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu quelque peu favorables aux droits des Palestiniens. Les dirigeants palestiniens estiment dans tous les cas de figure que seul le locataire de la Maison-Blanche détient la clé pour une véritable solution au dossier du Proche-Orient. Ils en appellent du reste à l'élaboration d'une nouvelle initiative de paix articulée autour «d'une vision politique réaliste» basée sur deux Etats. Obama devant deux choix Saab Erekat, responsable des négociateurs palestiniens, soutient dans cet ordre d'idée que le président Obama a le choix : «Soit il contraint Israël d'accepter deux Etats et ouvre une nouvelle page dans la région, soit il continue de traiter Israël comme un Etat au-dessus des lois, ce qui est susceptible de clore le chapitre de la paix dans la région.» Ahmed Qorei, ancien Premier ministre palestinien et proche collaborateur de Mahmoud Abbas, s'inscrit dans le même sens en exigeant avant tout préalable sous-tendant la reprise des négociations israélo-palestiniennes la satisfaction de plusieurs conditions. Outre le refus palestinien de reconnaître Israël comme un Etat juif, il a notamment indiqué que l'arrêt de la colonisation en Cisjordanie, l'étrange concept de «croissance naturelle» à l'intérieur des colonies, l'évacuation des colonies sauvages établies depuis 2001 et la levée des barrages israéliens en Cisjordanie, constituent entre autres les thèmes des principales revendications qu'exposera le chef de l'Autorité palestinienne lors de ses entretiens avec Obama. Le mouvement palestinien Hamas, opposé à la politique développée par Abbas, n'est pas en reste et doute de la consistance des résultats qu'engendrera ce rendez-vous. Il a ainsi rapidement fait connaître sa position, en estimant, par la voix de son porte-parole, Fawzi Barhoum, ne pas attendre «grand-chose de cette rencontre si ce n'est de nouvelles pressions de l'administration américaine sur Abbas pour qu'il fasse des concessions au profit de l'entité sioniste». Israël campe sur ses positions Il est vrai que dans le camp d'en face rien n'indique que des concessions seraient faites pour favoriser l'amorce d'un véritable plan de paix dans la région malgré la pression supposée que semble exercer la Maison-Blanche sur l'Etat hébreu. Le chef de l'Exécutif israélien, Benyamin Netanyahu, et les membres de son cabinet campent sur leurs positions et n'affichent aucune disposition à réviser leur politique provocatrice. Dans tous les cas de figure ils exhibent un carton rouge, qu'il s'agisse de la création d'un Etat palestinien, du retour aux frontières de 1967 et du gel de la colonisation. En outre ils continuent à entretenir les divergences qui les opposent au président américain même si les agences de presse ont rapporté une décision israélienne en rapport avec une probable évacuation des colonies sauvages. Pour faire divergence, ils tentent cependant de braquer les regards, notamment ceux des Américains, sur l'Iran et sa «menace nucléaire» bien que ce pays a toujours soutenu, sous le contrôle de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), poursuivre son programme nucléaire à des fins civiles. De fait, la mission de Mahmoud Abbas à Washington s'avère bien difficile car il s'agit pour lui de développer une nouvelle démarche basée sur des actes concrets, relèvent les observateurs. A défaut, il pourra toujours rencontrer Netanyahu, à la demande des Etats-Unis, sans pour autant être certain d'obtenir de résultats tangibles. Ce sera alors, soutiennent ses adversaires politiques, un remake de l'épisode Ehud Olmert, le prédécesseur de Netanyahu, caractérisé par plus de vingt entretiens sans aucun résultat palpable. Si ce n'est de chaudes poignées de mains et l'incontournable photo souvenir.