Barack Obama ira-t-il au bout de sa «détermination» annoncée pour soutenir la création d'un Etat palestinien «indépendant» ? Cette question constitue désormais une dominante dans tous les états-majors en charge des questions internationales et plus précisément du dossier du Proche-Orient. Les analystes et experts versés dans le traitement de cette question y vont chacun de sa démonstration sans pour autant définir avec un tant soit peu de certitude de quoi sera faite la politique de la Maison-Blanche projetée sur l'avenir des Palestiniens. Les uns et les autres développent des thèses et des antithèses qui ne reposent pour l'essentiel sur aucun élément digne d'intérêt, sinon sur une réflexion dominée par une forte dose de spéculations ; l'essentiel étant de savoir si l'administration Obama dispose de suffisamment de ressources pour imposer à Israël un plan de charge clairement défini privilégiant l'instauration de la paix et l'émergence d'un véritable Etat palestinien. En d'autres termes, il s'agit de savoir si, en l'état actuel des choses, le chef de l'Etat américain et ses proches collaborateurs peuvent compter sur les soutiens nécessaires pour faire face et surmonter le puissant lobby politico-médiatique aux Etats-Unis mais également en Europe ? Pourtant, rien n'est dit sur la stratégie que compte développer Obama au Proche-Orient pour «redistribuer les cartes» et imposer à Israël un réel changement dans la région. Une nouvelle donne ? Certes, les Etats-Unis ne sont guidés que par leurs intérêts propres, dont un des aspects consiste, avant toute chose, à redorer l'image du pays après la politique catastrophique menée huit années durant par George W Bush. Mais au-delà des premiers discours du président américain sur la situation au Proche-Orient, la nouvelle donne qui excite les spécialistes se rapporte à la récente rencontre qui a réuni à Washington Obama avec le nouveau Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et la «froideur» qui a caractérisé les entretiens entre les deux hommes. Ces entretiens ont duré plus de trois heures sans que des points de convergence aient été portés à la connaissance de la presse et, par extension, au grand public. Les deux responsables auraient affiché sur la question palestinienne une approche divergente sur toute la ligne tout en campant l'un et l'autre sur leur position respective, Obama ayant notamment souligné «l'intérêt» des Palestiniens, des Israéliens des Etats-Unis et de la communauté internationale «à parvenir à une solution à deux Etats». Pour ne pas fâcher le grand frère américain, Netanyahu a fait dire qu'il aurait convenu avec son hôte «d'étendre aux Etats arabes» les discussions sur le processus de paix avec les Palestiniens et de développer «une politique commune destinée à empêcher l'Iran à disposer de l'arme nucléaire». Il a cependant totalement ignoré l'appel américain pour une cessation immédiate de la colonisation des territoires palestiniens et formulé de nouvelles exigences, dont la reconnaissance d'Israël comme… unEtat juif, préalable à de nouvelles discussions. Cette forme d'intransigeance affichée par le chef de l'Exécutif israélien a été dénoncée par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas qui devrait se rendre dans la capitale fédérale américaine le 28 mai. Les observateurs notent qu'ayant estimé «encourageante» la position d'Obama, le président de l'Autorité palestinienne devrait plaider plus que jamais à Washington en faveur d'une nécessaire et indispensable pression que doit exercer la Maison-Blanche sur Tel-Aviv afin de favoriser la mise en œuvre d'un plan de paix authentique et dépasser la politique belliqueuse israélienne. Hypothèses Cet optimisme, quoique relatif, a été toutefois remis en cause par le mouvement palestinien Hamas qui affiche une forte dose de scepticisme face aux récents propos d'Obama, qu'ils portent sur la création de deux Etats ou sur l'insoutenable situation humanitaire à Ghaza. Le porte-parole du mouvement, Fawzi Barhoum, a tempéré quelque peu «l'enthousiasme» affiché ici et là par quelques-uns en soutenant que les déclarations d'Obama «ne sont que des vœux pieux» et qu'ils ne servent «qu'à duper l'opinion publique internationale sur la réalité du soutien américain à l'entité sioniste raciste et extrémiste». Moins d'une semaine après le rendez-vous Obama-Netanyahu, les commentateurs et analystes continuent d'entretenir ici et là une variété d'hypothèses s'étalant d'un «total et brusque» revirement de la politique américaine au Proche-Orient à une plus forte consolidation des relations américano-israéliennes dans la région. Mais les véritables intentions américaines à l'égard de la question palestinienne devraient être portées à la connaissance de tous lors du discours très attendu que prononcera Obama le 4 juin au Caire. Dès lors, estiment les observateurs, débuteront les grandes manœuvres pour faire admettre la nouvelle donne que compte développer la Maison-Blanche et dépasser le stade des belles intentions...