Le Parlement du Guatemala a décidé avant-hier à l'unanimité de retirer l'immunité au président Otto Pérez, accusé de corruption, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires à son encontre, pour la première fois dans l'histoire du pays. «Nous déclarons approuver la levée de l'immunité du président conservateur», a annoncé le député de l'opposition Carlos Herrera, secrétaire du comité de direction du Parlement, après le vote favorable des 132 députés présents (sur 158 que compte l'assemblée). Pour être validée, la mesure nécessitait l'appui des deux tiers des parlementaires, mais aucun de ceux présents avant-hier n'a voté contre. Juste après l'annonce de cette décision historique, des dizaines de manifestants se sont réunis devant le Parlement en signe de joie, tandis que de nombreux automobilistes klaxonnaient pour montrer leur satisfaction. Otto Pérez, un général en retraite de 64 ans, est accusé par le parquet et une commission de l'ONU contre l'impunité (Cicig) d'avoir dirigé un système de corruption au sein des douanes, via lequel des fonctionnaires touchaient des pots-de-vin pour exonérer de taxes certaines importations. Son ancienne vice-présidente, Roxana Baldetti, est déjà en détention provisoire dans cette affaire. Ce scandale, révélé en avril, suscite une vague de mécontentement historique dans le pays centraméricain, avec des manifestations pacifiques organisées chaque semaine depuis lors.