Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, sort l'artillerie lourde. Il s'attaque avec virulence à l'opposition, au président du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et au général à la retraite Hocine Benhadid, qui s'en est pris à l'armée. C'est hier à Zéralda (Alger), à l'occasion d'une rencontre avec les jeunes de son parti, qu'Ouyahia, s'exprimant tantôt en tant que patron du RND, tantôt en tant que chef de cabinet de la présidence de la République, a vidé son sac contre tous ceux qui ne sont pas d'accord avec les thèses du pouvoir. Il a tiré à boulets rouges sur les acteurs politiques qui ont évoqué la militarisation du pays (allusion faite à la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune) et les anciens responsables de l'ANP qui ont remis en cause la cohésion et l'unité de cette institution (allusion au général à la retraite Hocine Benhadid). «Ceux qui critiquent l'armée aujourd'hui se bronzaient durant les années 90 sous la protection des chars. Non, l'Algérie ne se dirige pas vers un Etat militaire. C'est l'armée qui a protégé le pays et c'est grâce notamment à ses sacrifices que nous sommes aujourd'hui ici, libres de nous exprimer», a-t-il déclaré. M. Ouyahia, évoquant Hocine Benhadid qui croupit toujours en prison à cause de ses propos dangereux sur l'armée, a emprunté un ton à la fois coléreux et menaçant. «Comme citoyen et chef d'un parti politique, j'appelle tout le monde à maîtriser sa langue. L'Etat ne peut plus rester spectateur. Les polémiques n'arrangent pas le pays», a-t-il soutenu. Hocine Benhadid qui s'exprimait sur les ondes d'une radio émettant sur la toile s'est attaqué au chef de l'état-major Ahmed Gaid-Salah et au conseil du président, son frère cadet, Saïd Bouteflika. Depuis son arrestation, son affaire alimente l'actualité nationale. Mais pour Ouyahia, «il y a des limites infranchissables, sous aucun prétexte». Il cite les commentaires sur les changements au sein du DRS et le limogeage du général Toufik. «Hamdoulilah, les gens qui critiquaient le DRS et le général Toufik ont compris aujourd'hui que le DRS fait partie des appareils de l'Etat», s'est-il félicité, rendant hommage à l'ex-patron du DRS. L'orateur n'a pas manqué de tirer sur ceux, parmi les analystes, les observateurs et les acteurs politiques, qui considèrent que la restructuration du DRS relève d'une volonté de Bouteflika de «casser un service de sécurité». Les partisans de la transition stigmatisés Les partisans de la transition démocratique, structurés au sein de la CLTD, n'ont pas été épargnés par le chef de cabinet de la présidence. Pour lui, le danger qui guette le pays ne vient pas uniquement de l'extérieur, mais de l'intérieur du pays aussi. Selon lui, ce danger vient des «partisans de la transition». «Le peuple qui a brisé la période de transition vécue entre 1992 et 1995 avec des élections présidentielles libres et transparentes n'acceptera jamais un retour en arrière», a-t-il affirmé. Ahmed Ouyahia a défendu la décision de fermeture de la chaîne de télévision privée, El Watan TV, qui a permis à l'ancien chef terroriste, Madani Mezrag, de s'exprimer et de défier l'Etat, tout en menaçant le président Bouteflika. «La presse doit savoir que la liberté d'expression n'est pas au détriment de l'Algérie», a-t-il soutenu, précisant que «cette personne (Madani Mezrag) a fait une première déclaration. Il a eu une réponse de l'Etat. Il a fait sa deuxième déclaration. Il s'est corrigé et c'est tant mieux». Toutefois, l'ancien terroriste n'a jamais été inquiété après ses déclarations. Ferhat Mehenni allié des juifs ? Le patron du RND ne s'arrête pas là. Il s'est attaqué avec virulence à Ferhat Mehenni, président du MAK, qualifiant son mouvement de «minorité». Il l'accuse, ni plus ni moins, de vouloir détruire l'Algérie. «99% des Algériens sont fidèles au message du 1er Novembre, à l'exception d'une minorité. C'est le cas malheureusement de ce fils de chahid qui va chez les juifs pour vendre le pays», a-t-il déploré. Dans son allocution devant les jeunes de sa formation, Ouyahia s'est dit convaincu que «l'objectif dépasse l'autonomie de la Kabylie, mais s'inscrit dans le cadre d'un projet visant la destruction de l'Algérie», avant d'affirmer que l'Algérie était dans la liste des pays à déstabiliser dans le cadre des révolutions des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Pour l'orateur, «l'Algérie est toujours dans cette liste». S'agissant du projet lancé par le FLN concernant la constitution d'un front de soutien au chef de l'Etat, le patron du RND a réitéré que «le FLN est un allié stratégique dans le soutien au Président», ajoutant que «le mode proposé par le parti ne nous convient pas».