Prévu initialement devant le ministère de l'Habitat, le rassemblement des souscripteurs LPP a été détourné vers le parc de la Liberté, rue Didouche Mourad. Plus d'une centaine de souscripteurs au Logement promotionnel public (LPP) se sont rassemblés une nouvelle fois hier au parc de la Liberté, au centre d'Alger, pour revendiquer leurs «droits», a-t-on constaté sur place. «Nous ne voulons pas de logements de haut standing. Nous n'avons pas demandé le luxe», tonne un souscripteur, la quarantaine, avant d'ajouter : «Tout ce que nous voulons, c'est un toit». Pour ce manifestant, architecte de métier, les logements LPP n'ont rien à voir avec le haut standing. «Le ministère assure que ce sont des logements haut de gamme, alors que ce ne sont que des logements dotés de cuisine équipée d'une valeur qui ne dépasse pas les 40 ou 50 millions», a-t-il dénoncé. «Nous demandons de la transparence dans la manière de fixer le prix global de nos logements à travers un devis détaillé de toutes les étapes de réalisation de ce programme», indique un jeune ingénieur présent sur les lieux. Les souscripteurs se sont rassemblés une nouvelle fois pour interpeller le département d'Abdelmadjid Tebboune, notamment sur les prix de leurs logements et la deuxième tranche fixée récemment à 1 million de dinars. Initialement, le sit-in devait se tenir devant le ministère de l'Habitat, mais la forte présence des policiers a contraint les souscripteurs à rebrousser chemin, pour se regrouper devant le jardin de la Liberté. D'après eux, ce n'est pas uniquement le prix de la deuxième tranche à payer qui pose problème. «Le problème, c'est le prix du mètre carré qui a augmenté à 16 000 dinars, et à chaque fois il est revu à la hausse. La dernière fois, le ministre de l'Habitat lui-même a déclaré que le prix n'est pas encore défini. Ce n'est pas logique ! On ne sait pas à combien ça va nous revenir le prix global de notre logement», a déclaré Fayçal Seraï, membre du collectif des souscripteurs LPP. Evoquant le prix de la deuxième tranche qui a été fixée à 1 million de dinars, l'interlocuteur dira : «Cette deuxième tranche a été fixée à la dernière minute. On s'attendait à payer la somme de 500 000 dinars.» De toute façon, ajoute Seraï, le problème ne se pose guère dans la somme à payer, mais dans l'absence de contrat entre le souscripteur et le promoteur. «Payer telle ou telle somme, est-ce que ce sera noté noir sur blanc», s'est-il interrogé, avant de préciser qu'«il n'y a pas eu de contrat entre le souscripteur et le promoteur, nous avons seulement un accusé de réception d'un bon de versement bancaire». Un autre souscripteur présent a ajouté dans la foulée : «Nous avons fait confiance à l'Etat par un contrat moral, et voilà où nous en sommes aujourd'hui.» «On nous pousse à voler» Pour d'autres qui se sont exprimés, payer la somme demandée par l'ENPI en un court délai pousse au «délit». «Ils encouragent les détenteurs de la chkara, ceux qui ont de l'argent , C'est facile pour eux de payer. Mais pour certains, on les pousse à commettre des vols pour rassembler toute cette somme», commentera un autre souscripteur présent sur le lieu du rassemblement. Les souscripteurs LPP se sont en outre interrogés sur l'éthique commerciale, comme précisé par le ministre de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, qui a fait savoir il y a quelques jours que la formule lancée par l'Etat depuis deux ans est une opération commerciale qui ne peut pas devenir une opération sociale financée par le Trésor public. «Où en est l'éthique commerciale dans une opération dite commerciale. Quand nous versons notre argent, nous savons ce que nous allons acheter, où acheter. Or ici, nous ignorons tout. Nous n'avons même pas un engagement écrit. Demain, si Tebboune quitte le gouvernement, on va nous dire quoi, voyez avec le ministre partant», a-t-on souligné. Présents sur les lieux, les souscripteurs transférés du programme AADL 2001 et 2002 à celui du LPP ont exprimé leur mécontentement. «Je veux juste mon logement, je l'ai attendu durant 14 ans pour au final me transférer vers une formule floue. Mon tort est que mon salaire a augmenté», a indiqué l'un des protestataires, avant d'ajouter qu'«on nous fait soi-disant une exception par rapport à ceux qui ont choisi le programme LPP, mais au final, nous allons payer notre logement comme eux». Quatrième en son genre depuis quelques semaines, le sit-in des souscripteurs LPP a été encadré par un important dispositif de sécurité. Après une demi-heure de rassemblement, les éléments de la police ont commencé à disperser les protestataires présents sur les lieux.