Pierre, sang, papier ou cendre est l'intitulé du dernier roman «brûlant» de cet auteur de Sidi Bel Abbès... C'est dans une ambiance studieuse que l'écrivaine Maïssa Bey a présenté, dans la soirée de dimanche dernier, son roman Surtout ne te retourne pas, aux étudiants de l'Ecole supérieure des affaires d'Alger (Esaa). L'ouvrage, paru aux éditions Barzakh en 2005, a donc été lu par les étudiants de l'école, et a été l'objet d'un riche débat en présence de l'auteure. Le moins que l'on puisse dire est que les jeunes lecteurs sont plutôt sortis intrigués de leur plongée dans ce roman, tant la course en avant de la jeune héroïne Amina les aura déroutés. Une jeune fille que l'onde sismique de 2003 a bouleversée à un point tel qu'elle voulait fuir tout ce qu'elle vivait. Quittant Boumerdès pour se rendre à Alger, une deuxième femme émerge alors littéralement du personnage initial et qui change en fonction du temps et des lieux...S'ensuit un chamboulement des repères et des valeurs. Maïssa a, néanmoins, maintenu derechef que le personnage qu'elle a mis en scène dans ce roman n'est pas négatif, contrairement à l'avis de quelques étudiants. En fait, si le livre déroute quelque peu, avoue Maïssa Bey, c'est qu'il est d'abord un texte difficile. Comme de nombreux autres de son cru, laisse-t-elle entendre. C'est que cette dernière, à l'instar de ce qu'elle a tenté de réaliser dans ses nombreuses oeuvres, a tenté d'exorciser les nombreuses contradictions propres à la société algérienne. D'autant qu'elle est sans cesse interpellée par une société où des dysfonctionnements graves existent. Ou comme a dit Dib à Maïssa dans une lettre qu'il lui a adressée: «Faire du bien aux Algériens là où ils ont mal!» Surtout qu'il s'est agi dans ce volume de faire l'autopsie de toute une époque, de toute une mentalité. Maïssa Bey qui s'est présentée comme une lectrice et une écrivaine exigeantes, a conforté les étudiants dans leurs impressions en disant que le livre est difficile à lire et à écrire. Non sans maintenir qu'elle assume ses choix d'écriture. L'écrivain qui était accompagnée de Sofiane Hadjadj des éditions Barzakh, a dédicacé son livre aux invités du Salon littéraire de l'Esaa. Elle a également évoqué son tout dernier livre paru à Paris et récemment en Algérie aux éditions Barzakh, et intitulé Pierre, sang papier ou cendre. Un superbe roman qui retrace plus d'un siècle de colonisation, vu par les yeux d'une enfant.