Si les «précisions» de Dahou Ould Kablia sur ses déclarations concernant l'assassinat de Abane Ramdane sont sincères, il aurait certainement dû s'y prendre autrement. D'abord, sur le plan formel, il est difficile pour tous ceux qui ont été indignés par ses propos rapportés par le journal Echourouk d'être convaincus par ses rectifications. Ce n'est peut-être pas toujours juste. Surtout que le journal en question est rarement au-dessus de tout soupçon quant à sa moralité professionnelle. Mais les «erreurs de traduction», les déformations par maladresse ou à dessein et les «titres racoleurs», ça ne convainc plus grand monde». Or, ce procédé, au demeurant usité, constitue l'essentiel de la réaction de Ould Kablia après le tollé que son interview a suscité. En l'occurrence, il n'a pas été bien loin, jusque dans les mots, il a puisé dans un registre sémantique dont on connaît trop la facilité pour y voir une sincère volonté de rectifier le tir. Et puis, pour une interview dont Kablia a reçu les questions et rendu les réponses par écrit, ça fait presque sourire d'entendre suggérer que le journal a trituré le texte avant sa publication. Et ce n'est pas l'inexplicable retard mis par l'ancien ministre de l'Intérieur à réagir aux propos qu'on lui aurait injustement attribués qui vont changer quoi que ce soit. La tiédeur du ton et qu'il a mis dans son «contact» avec le directeur du journal et les raisons de sa «colère» après la parution de l'entretien boucleront la boucle : «Je lui ai dit que j'étais mécontent de la traduction» ! Mais sur le fond, Ould Kablia n'a pas «rectifié» grand-chose et à vrai dire, il n'y a pas grand monde non plus à attendre autant de lui. D'abord, parce que la tendance en termes de culture politique chez le personnel politique dont il fait partie est plutôt au silence – complaisant quand il n'est pas complice. Ensuite, en sa qualité de président d'une association créée pour perpétuer la mémoire des «malgaches», il doit être plus dans la peau de celui qui revendique l'ensemble de «l'œuvre» du Malg que dans celle d'un homme qui, au crépuscule de sa vie, fait son baroud d'honneur sur un crime décliné à juste titre comme l'épisode le plus honteux de la guerre de Libération. On comprend dès lors la ténacité de Bélaïd Abane, le neveu de Ramdane Abane, de maintenir sa réaction dans les termes qu'elles contenaient avant les «clarifications» d'Ould Kablia. Des clarifications qui auraient été sans doute plus crédibles si elles avaient été à l'essentiel : l'assassinat d'un militant de valeur et la mise sous le boisseau d'un projet pour l'Algérie. Un crime qui, dans la foulée du combat pour l'indépendance, préfigurait déjà nos déboires présents. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.